Fin janvier, François Hollande était en visite officielle en Inde. Au sein de la délégation française, se trouvait Jean-Bernard Levy, patron d’EDF, venu avec la ferme intention de renforcer la place que tient l’électricien dans le secteur énergétique indien. Au programme pour le groupe français, de nouveaux projets favorisant à la fois la montée des énergies renouvelables et la présence des villes durables sur tout le territoire.
Partenaire d’un pays en pleine mutation
La récente visite de François Hollande en Inde ne peut se résumer qu’à la simple vente de rafales, qu’on se le dise. Le voyage a certes permis de décrocher un contrat de 5 milliards d’euros pour 36 rafales, mais il a également donné l’opportunité à une cinquantaine de chefs d’entreprises français de se rendre en Inde et de faire des affaires, d’EDF à Engie en passant par Alstom.
L’énergie est un secteur qui mobilise aujourd’hui tous les efforts du gouvernement indien. Le pays ne cesse de chercher les partenaires efficaces qui vont lui permettre de répondre aux besoins d’une population qui explose les compteurs démographiques et d’une économie qui s’intensifie.
L’Inde est désormais le pays où la croissance mondiale est la plus forte. En 2014-2015, cette dernière s’élevait à 12,5 %, quand son PIB représentait, sur la même période, 7,4 % du PIB mondial.
La situation économique de l’Inde en a fait maintenant le pays le plus attractif en termes d’investissements étrangers, devant la Chine et les Etats-Unis. 31 milliards de dollars ont été injectés en Inde depuis le début de l’année par des financeurs étrangers, quand la Chine et les Etats-Unis recevaient respectivement 28 et 27 milliards de dollars.
Cette croissance, à la fois économique et démographique, doit inévitablement être soutenue par une filière énergétique solide, à l’origine de projets efficaces et qui se déploient à grande échelle, pour permettre à l’ensemble du pays de bénéficier d’un réseau électrique fiable et sûr. L’Inde a beau jouir actuellement d’une croissance spectaculaire, cela reste un pays pauvre avec un PIB par habitant encore très faible.
Près de 25 % de la population indienne n’a pas encore accès à l’électricité, des centaines de millions de personnes qui vivent principalement en zone rurale. Cette situation devrait néanmoins s’améliorer puisque le Premier ministre Narendra Modi a pour objectif de réaliser l’électrification universelle d’ici la fin de 2022. Ce projet ambitieux passe notamment par le lancement d’un programme visant à transformer 100 villes du pays en véritables villes intelligentes. Une aventure qui va mobiliser les compétences du géant énergétique français.
EDF au cœur de la stratégie énergétique indienne
Les quelques jours passés en Inde ont permis à Jean-Bernard Levy d’affirmer davantage le rôle que va jouer EDF dans les projets énergétiques de l’Inde. Si le pays veut atteindre un taux de raccordement électrique de 100 %, il veut également réduire significativement sa dépendance aux énergies fossiles, plus particulièrement au charbon, qui sont responsables d’une pollution très importante. C’est la raison pour laquelle le gouvernement Modi entend repenser ses villes et moderniser entièrement son modèle urbain afin que celui-ci puisse faciliter l’accès énergétique des habitants et améliorer leurs conditions de vie.
Le programme « 100 Smart Cities in India », qui devrait être lancé cette année, vise à faire évoluer les villes du pays vers davantage de durabilité et d’efficacité énergétique. Une initiative à laquelle EDF va collaborer puisque le groupe français a signé un contrat avec la société publique Engineering Projects India (EPI) pour accompagner le développement de ces villes.
Afin de régler les problèmes de pollution qui affectent les conditions de vie des Indiens et réduire son impact environnemental, l’Inde entend également mettre un coup d’accélérateur dans le secteur des énergies renouvelables. Là, encore une fois, le pays trouve en EDF un partenaire qui va lui permettre d’asseoir une véritable stratégie de déploiement des EnR sur l’ensemble du territoire.
L’électricien français vient en effet de signer, via EDF Energies Nouvelles, un accord avec le groupe indien SITAC spécialisé dans l’immobilier. La filiale consacrée aux énergies renouvelables d’EDF détient désormais 50 % de SITAC Wind Management and Development Private Limited, l’activité éolienne de SITAC. Grâce au développement de quatre projets, la société commune entend installer 142 MW de puissance éolienne d’ici la fin de l’année.
Pour EDF EN, cette association marque une nouvelle étape dans son implication sur le marché indien des énergies propres. Déjà présent dans le solaire depuis 2013 avec la prise de participation dans la société ACME Solar, EDF EN se positionne plus que jamais comme un acteur fort de la décarbonisation du modèle énergétique indien.
L’action d’EDF suit la volonté d’un pays qui semble désormais vouloir concentrer ses efforts vers le développement massif des énergies propres, seule façon d’assurer à ses habitants des conditions de vie respectables de garantir l’accès généralisé à une électricité durable et abordable.
L’Inde n’en oublie pas pour autant le nucléaire puisque de nouveaux contrats ont également été signés avec EDF pour la construction de six réacteurs. A l’heure des grands changements, l’Inde fait donc preuve d’un volontarisme remarqué tout en s’associant à des entreprises qui lui permettent d’avoir les moyens de ses ambitions et de maitriser un développement qui se veut rapide. Un développement pour lequel 2016 devrait être une année charnière.