Avec l’avènement du nucléaire, si les centrales thermiques ont été relayées au second plan, elles sont tout de même considérées comme un outil permettant d’assurer l’équilibre du réseau électrique lors des pics de consommation ou des périodes de froid extrême. Tour d’horizon des pays qui font le pari de cette énergie et qui, parfois, innovent en la matière.
Le thermique est la première source d’électricité dans le monde
En raison des importants gisements fossiles dont recèle le sous-sol de la Terre, l’énergie thermique reste aujourd’hui la première source d’électricité dans le monde. Des pays comme la Chine et l’Inde possèdent des réserves considérables de charbon : cette ressource fossile devient ainsi un combustible peu cher et abondant, qui permet de générer une électricité bon marché. Face à la croissance démographique exponentielle de certaines régions du monde, les centrales thermiques apparaissent aux yeux des pouvoirs publics comme une solution compétitive pour s’approvisionner en électricité. Et ainsi lever certains freins à la croissance économique.
Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, Makhtar Diop, a annoncé au début du mois de février une aide de 80 à 100 millions de dollars pour construire une centrale thermique de 50 MW au Burkina Faso. Objectif de l’opération : aider ce pays d’Afrique de l’Ouest à faire face au déficit énergétique (évalué à 140 MW) qui constitue un obstacle majeur à sa croissance. Même son de cloche du côté du Vietnam, qui vient de mettre en service la centrale thermique de Duyên Hai 1. Située dans le sud du pays, cette nouvelle installation de 1.245 MW vise à assurer la sécurité énergétique nationale tout en fournissant l’électricité nécessaire au développement économique de la région du delta du Mékong.
EDF innove dans le thermique pour améliorer le bilan carbone des centrales
En raison de l’importance des différentes ressources fossiles dans le mix énergétique mondial, et face aux préoccupations environnementales actuelles, l’énergie thermique doit cependant évoluer afin de réduire son impact sur l’environnement. C’est pour répondre à cet objectif que des technologies thermiques plus respectueuses de l’environnement ont vu le jour. C’est notamment le cas des centrales dites supercritiques, qui offrent une meilleure efficacité énergétique que les centrales thermiques traditionnelles. Elles permettent en effet de produire plus avec une quantité de charbon identique. De quoi obtenir une électricité bon marché tout en réduisant son empreinte carbone.
La China Datang Corporation et l’électricien français EDF ont lancé en décembre dernier la centrale thermique supercritique de Fuzhou (2.000 MW) dans le sud-est de la Chine. Cette technologie, plus sobre en termes d’émissions carbone, s’avère être un choix stratégique pour l’Empire du Milieu qui s’est engagé à réduire ses émissions de CO2. Le projet est d’autant plus légitime dans ce pays où l’électricité est issue à 75% du charbon. De son côté, la France a décidé de miser sur une autre technologie : celle des centrales à Cycle Combiné Gaz qui permettent de produire de l’électricité grâce à l’action de deux turbines (une à gaz, l’autre à vapeur). Un procédé qui permet d’atteindre un rendement supérieur à une centrale thermique classique (de 50 à 55% contre 35%) tout en réduisant les émissions de CO2 et de NOx.
C’est cette innovation qui est au cœur de la centrale thermique du Bouchain (Nord), qui a injecté le 21 janvier dernier ses premiers kilowattheures sur le réseau électrique français. Exploitée par EDF, cette unité de production est la première centrale à Cycle Combiné Gaz nouvelle génération de l’Hexagone – et du monde. Grâce à la turbine FlexEfficiency50 développée par General Electric, elle devrait notamment atteindre un rendement record de 61% tout en divisant par deux ses émissions de CO2. Engagée dans une transition énergétique qui vise à réduire drastiquement ses émissions de dioxyde carbone, la France a choisi de fermer une dizaine de ses centrales à charbon depuis 2013 et de moderniser celles qui vont servir comme source d’approvisionnement d’appoint. Trois autres centrales à Cycle Combiné Gaz devraient ainsi voir le jour au cours des prochaines années (deux en Provence-Alpes-Côte d’Azur et une en Meurthe-et-Moselle).