Archipel éloigné de la métropole, au large de Terre Neuve, Saint-Pierre et Miquelon n’en est pas moins une collectivité d’outre-mer française qui doit également participer à la transition énergétique lancée par la métropole. Mais si les premières tentatives n’ont guère été fructueuses, d’autres en cours et à venir, sont porteuses d’espoir.
Le 18 août 2015, le Journal Officiel publiait la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, préparant à l’après-pétrole et mettant en place un nouveau modèle énergétique, basé essentiellement sur les énergies renouvelables. Les objectifs du Grenelle de l’environnement pour les DOM, réaffirmée par cette loi, sont ambitieux : en 2020, générer 50% de l’énergie consommée à partir de sources renouvelables et à l’horizon 2030, atteindre l’autonomie énergétique. Cette indépendance est un enjeu stratégique dans ces régions insulaires, contraintes d’importer massivement des ressources fossiles (fioul, charbon, carburants).
Pour certains, des compromis sont déjà opérationnels : la Guadeloupe, la Martinique (Antilles) et La Réunion (Océan indien) utilisent notamment de l’électricité produite par la géothermie terrestre, du photovoltaïque, de l’éolien et de l’hydraulique. Mais qu’en est-il de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon ? Une transition énergétique est-elle possible également pour cette collectivité ultramarine pour le moins isolée, car également zone non interconnectée (ZNI) au réseau métropolitain ?
L’échec des premières tentatives vertes à Saint-Pierre et Miquelon
A Miquelon, c’est l’expérience de l’énergie éolienne qui a d’abord été tentée et plutôt en amont. Dix éoliennes avaient en effet été installées dès le 31 décembre 1999, par une filiale de la société Quadran, Eole Miquelon, sur le site de l’anse au Wary. Elles fournissaient, entre 2000 et 2013, jusqu’à 15% de l’électricité consommée par l’île, aux habitations isolées et comptant un peu plus de 600 habitants. Soit une économie de plus de 2 000 tonnes de pétrole. Mais ces éoliennes n’ont jamais été exploitées à leurs pleines capacités (jusqu’à 30% de production d’électricité), au profit des groupes Diesel fournis par EDF. Finalement, les éoliennes ont été démontées en janvier 2014, au profit d’une énergie 100% fioul.
Une centrale thermique porteuse d’espoir
Quant à Saint-Pierre, l’électricité provient d’une centrale thermique EDF dont une nouvelle unité de production d’une puissance de 21 MW, a été construite en 2015, après quatre années de travaux, alimentant en électricité 90% des habitants de l’archipel. D’autres travaux en cours visent à intégrer un réseau de chaleur destiné à toute la ville principale de l’île, pour un montant de 10 millions d’euros. Un modèle unique en Outre-mer, avec son dispositif innovant de récupération de chaleur alimentant un réseau de chauffage urbain, notamment pour l’hôpital et les bâtiments administratifs. Ce chauffage urbain, dont la construction a été élaborée avec le Conseil Territorial et le soutien de l’ADEME, permet de palier les écarts de température que connaît l’archipel au cours de l’année, entre 15,5°C en été et -3,3°C en hiver de moyenne.
70 millions d’euros ont ainsi été déboursés par EDF pour le remplacement de la centrale thermique de Saint-Pierre qui était pour le moins vieillissante. Six moteurs diesel utilisant du fioul domestique à faible teneur en soufre, taille de ces moteurs optimisée pour garantir la sûreté du système électrique, déchets conditionnés et envoyés en métropole pour être traités, énergie propre, nuisance sonore réduite, économie de l’utilisation du fioul sur tout l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon… les atouts de la nouvelle centrale, équipée d’un système de dénitrification des fumées, ne manquent pas. A terme, on songe également à coupler la centrale avec d’autres énergies renouvelables, comme l’éolien.
La mer, autre pilier de la transition énergétique ?
Du côté de la mer, les courants marins pourraient aussi devenir source d’énergie. Les spécialistes y croient et des études sont actuellement menées pour évaluer le potentiel énergétique des courants marins, notamment du côté du Cap Miquelon où ils sont puissants (supérieurs à deux ou trois nœuds).
Une autre énergie, celle de la houle, a aussi fait l’objet d’une étude il y a deux ans. Selon cette étude préliminaire, le potentiel serait là non négligeable. Pour l’IFREMER, il faudrait approfondir cette piste, qui pourrait lui permettre d’accélérer à son tour sa transition énergétique.
© Photo : EDF – LESPAGNOL JEAN-CHRISTOPHE