Tout porte à croire que le monde de l’assurance s’apprête à célébrer un mariage de premier ordre : celui entre AG2R La Mondiale et la Matmut. La future société de groupe d’assurance mutuelle (SGAM), qui découlera de ce rapprochement, promet, à compter de 2019, d’être un acteur majeur du secteur de l’assurance en France. L’enjeu n’est donc pas des moindres.
Le compte à rebours est lancé. Le 1er janvier prochain, « le seul groupe de protection sociale dans le Top 10 de l’assurance, toutes familles confondues », selon le directeur général d’AG2R La Mondiale, André Renaudin, devrait faire son apparition en France, alors que le rapprochement entre son groupe et la Matmut se précise. Annoncée à la fin de l’année dernière, la nouvelle entité prudentielle semble des plus prometteuses, puisqu’elle totaliserait — en se focalisant sur les chiffres de 2016 — plus de 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires, à raison de 10 milliards pour AG2R La Mondiale — spécialisée dans la protection sociale —, et 2 milliards pour l’assureur automobile et habitation.
La raison de cette fusion ? « Nous avions une vision partagée autour de la nécessité de trouver un partenaire pour faire un groupe complet », analysait M. Renaudin en janvier dernier, quand son homologue à la Matmut, Nicolas Gomart, évoquait « les synergies de revenus […] potentiellement très importantes. »
« Nous nous sommes entendus pour l’essentiel »
« Les assureurs mutualistes et les groupes de prévoyance sociale sont confrontés à un renforcement de la concurrence dans leurs secteurs respectifs, qui les contraint à se diversifier et à chercher de nouveaux relais de croissance », selon Camille Goossens, associé chez Bain & Company. D’autant plus que le contexte économique est encore tendu, avec, en plus, des exigences réglementaires et des attentes citoyennes fortes. « Le fait d’être plus gros nous permet de mutualiser les coûts et les investissements, alors que le ticket d’entrée pour répondre aux exigences des clients est de plus en plus élevé », reconnaissait ainsi Nicolas Gomart. Qui a trouvé, selon lui, le parfait associé en la matière.
AG2R La Mondiale, né en 2008 de l’union d’une mutuelle d’assurance avec un groupe de protection sociale à forme paritaire, va bientôt fêter les dix ans d’une gouvernance démocratique basée sur le mutualisme et le paritarisme, associant directement l’assuré — qu’il soit retraité, professionnel ou sociétaire — aux processus de décisions. Ce qui n’est pas une mince affaire lorsque l’on gère un portefeuille de 15 millions d’assurés et 500 000 entreprises clientes — pour la retraite complémentaire. Mais également plus de 11 000 collaborateurs, quand la Matmut compte 3,3 millions d’assurés et 6 000 collaborateurs.
A ce sujet, d’ailleurs, André Renaudin, l’artisan de cette gouvernance « inclusive », se veut rassurant : « nous nous sommes entendus pour l’essentiel » avec Nicolas Gomart, qui affirmait de son côté que « nos engagements et notre souhait, c’est de maintenir l’emploi et les bassins d’emplois » intacts. Mais également les partenariats ou coentreprises que peuvent avoir les deux futurs associés avec d’autres assureurs, ont-ils par ailleurs annoncé d’une même voix. La Matmut devrait ainsi poursuivre son travail avec la Macif, dans l’assurance-vie, mais également avec la BNP Paribas Cardif, dans l’assurance-dommages.
Soumission du dossier
Quant à AG2R La Mondiale, en théorie, « rien ne change » pour Arial CNP Assurances, la société commune du groupe et de CNP Assurances en épargne retraite entreprise, a d’ores et déjà expliqué M. Renaudin.
La prochaine échéance, pour M. Renaudin et M. Gomart, n’est pas des plus faciles. Il leur faudra en effet soumettre le dossier de fusion à leurs assemblées générales respectives, vers fin mai, durant lesquelles ils présenteront les contours de leur future société de groupe d’assurance mutuelle (SGAM). Le premier misera vraisemblablement sur la relation qu’il entretient avec ses équipes et son image de « bon décideur », quand le second devrait mettre en avant l’intérêt de s’associer avec AG2R La Mondiale pour faire face à l’arrivée massive des bancassureurs, surtout après l’entrée en vigueur de la loi Hamon, qui permet de changer d’assureurs plus facilement.
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