L’élan réformateur du gouvernement se poursuit. Prochaine étape : rediriger l’épargne vers l’économie productive. Les Français restent cependant frileux et préfèrent la sécurité à la prise de risque, comme le confirme une enquête IFOP pour l’ UFF (Union Financière de France).
Une nouvelle fois, le gouvernement est persuadé de pouvoir réussir là où tant d’autres ont échoué. Il souhaite réorienter une partie de l’épargne des Français vers davantage d’investissements dans les entreprises afin de favoriser la croissance et créer de l’emploi.
Réunis le 22 janvier à l’Assemblée nationale pour le « Grand rendez-vous de l’investissement productif », banquiers, assureurs et gestionnaires de patrimoine ont été invités par Édouard Philippe et Bruno Le Maire à vendre plus de produits d’épargne dirigés vers les entreprises. Afin de permettre aux PME hexagonales de grossir et devenir des ETI, le gouvernement vise le doublement en cinq ans du montant de l’épargne investi dans les fonds propres des PME, qui s’établit aujourd’hui à 5 milliards d’euros.
Le taux d’épargne des ménages français avoisine les 15 %, ce qui représente un flux d’épargne annuel d’environ 100 milliards d’euros. À cela s’ajoutent 400 milliards sur les comptes courants non utilisés, 600 milliards dans les livrets réglementés (type livret A) et 1 600 milliards dans les assurances vie/fonds monétaires. C’est beaucoup, mais cela n’aide pas les PME françaises à financer leur croissance et leur internationalisation.
Les jeunes plutôt frileux, selon l’ UFF (Union Financière de France)
Le gouvernement avait déjà manifesté sa volonté de favoriser l’orientation de l’épargne vers les entreprises en transformant l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI). Il a également instauré un prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital mobilier de 30 %.
Très critiquées à gauche, ces mesures permettent en réalité à de nombreux Français de placer leur épargne dans les fonds propres des entreprises. Un objectif que la plupart des gouvernements précédents s’étaient fixé. Ils ont cependant échoué, les Français restant férus de placements sûrs, comme l’assurance-vie et le Livret A.
Cela est particulièrement le cas des jeunes, qui préfèrent les placements classiques peu rémunérateurs. Selon une enquête IFOP pour l’Union Financière de France (UFF), « les jeunes de 25 à 35 ans sont averses au risque ». En effet, 45 % d’entre eux n’acceptent aucun risque et préfèrent opter pour des produits à faible rendement.
Seuls 4 % acceptent de prendre des risques forts en capital en échange d’un rendement important, tandis que 11 % acceptent de prendre des risques modérés en échange d’un rendement moyen et 27 % préfèrent prendre de faibles risques en échange d’un rendement modéré.
Réorienter et rassurer
L’enquête réalisée pour l’ UFF révèle également que 90 % des 25-35 ans songent à se construire un patrimoine, ce qui pour 78 % d’entre eux veut dire posséder des biens immobiliers. Si 56 % des jeunes pensent se constituer un patrimoine dans les 5 ou 10 ans, 34 % affirment être déjà en train de le faire. Ils épargnent en moyenne 249 euros par mois. Les jeunes « se sentent concernés par le sujet et ont une vision décomplexée : le fait d’“avoir du patrimoine” n’est en effet pas que l’apanage des gens riches et des héritiers », affirme l’ UFF.
Les Français devraient donc rester parmi les plus gros épargnants de l’OCDE, mais si le gouvernement souhaite réussir son pari de réorienter cet argent vers l’investissement productif, il devra contrer la popularité des produits courts, comme le livret A.
La création d’un nouveau produit de long terme, la revalorisation des produits existants (PEA-PME, assurance-vie en unité de compte…) et la suppression des niches fiscales encourageant l’investissement dans des secteurs non-productifs sont les options que le gouvernement et sa majorité étudient actuellement. Quelles que soient les propositions retenues, elles devront réconcilier les Français avec l’investissement productif tout en continuant à les rassurer.