Longtemps tournée uniquement autour du pétrole, l’économie du Bahreïn voit émerger dans le tourisme un nouveau marché à fort potentiel. Fort d’un véritable patrimoine historique et d’une culture authentique, l’archipel aux 33 îles attire de plus en plus de visiteurs étrangers, et notamment français.
Connu pour son or noir et son Grand Prix de Formule 1, Bahreïn révèle depuis peu ses richesses insoupçonnées au-delà des frontières du Moyen-Orient. Si les riches Saoudiens viennent par millions passer du bon temps dans les bars, restaurants, théâtres et cinémas de Manama, la capitale bahreïnienne considérée comme le Las Vegas de la région, la destination était jusqu’alors absente des radars des tours operators, qui commencent seulement à s’y intéresser. Et pour cause : contrairement aux hubs voisins de Dubaï et Doha, réputés auprès des amateurs de luxe et de high-tech, le Royaume de Bahreïn dispose d’atouts uniques dans cette partie du monde, qui méritent qu’on s’y intéresse. Situé au large de l’Arabie saoudite, l’archipel est constitué d’une île principale de 55 km de long sur 18 de large. L’ancienne capitale Muharraq y abrite un site archéologique datant de 2 500 ans avant Jésus-Christ, le fort Qal’at al-Barheïn, classé au patrimoine mondial de l’Humanité, d’où partaient les pêcheurs de perles jusqu’à la découverte du pétrole. Ses rues étroites recèlent encore les vestiges de la civilisation Dilmun, l’une des plus importantes de l’Antiquité, mais aussi de restaurants typiques et d’anciennes demeures reconverties en musées. « Ici, contrairement à beaucoup de nos voisins, nous avons un héritage historique et culturel visible, fruit de 5 000 ans de civilisation », souligne Ziad Asfour, conseiller au sein de Bahrain Tourism & Exhibitions Authority (BTEA).
À quelques kilomètres au nord de Muharraq, Manama offre elle aussi aux visiteurs un concentré d’authenticité, notamment dans le souk de la vieille ville. Mais l’actuelle capitale détonne surtout par l’ouverture d’esprit, le brassage culturel et le mode de vie libéral qui y règnent. L’alcool y est autorisé, il n’y a pas de code vestimentaire et toutes les religions ont un lieu pour prier. Les femmes y ont le droit de vote depuis les années 1970 et peuvent étudier à l’université, travailler, conduire une voiture et accéder à tous les emplois. « Nous sommes un pays de tolérance, résume le Cheikh Khaled Bin Humood Al Khalifa, président du BTEA. À Bahreïn, nous respectons les religions et sommes sensibles au problème d’égalité. Toutes les communautés juive, chrétienne, musulmane et indienne vivent en bonne intelligence. Nous avons eu des femmes ministres et ambassadrices. »
Bahreïn, nouvelle destination des tours operators français
Peuplé pour plus de moitiés d’expatriés, l’archipel de 1,35 million d’habitants présente un profil moins « bling-bling » que Dubaï et Doha, en témoigne le nouveau quartier piéton Block 338 à Manama, qui regorge de galeries d’art, de restaurants branchés et de fresques de street art. Depuis plusieurs années, Bahreïn a également investi dans ses infrastructures afin d’accueillir un nombre de touristes toujours plus nombreux, composé surtout d’une clientèle d’affaires, mais aussi de plus en plus de familles. En deux ans, la capacité hôtelière est passée de 17 000 chambres en 2015 à 20 000 l’an dernier, avec des établissements de luxe (18 cinq étoiles) ainsi que des trois et quatre étoiles accessibles à partir de 75 euros la nuit, petit-déjeuner inclus. Face à l’afflux de visiteurs étrangers, un nouvel aéroport doit être livré l’an prochain à Manama afin de multiplier par quatre la taille de celui de Muharraq. Gulf Air, la compagnie aérienne nationale, a commandé 55 avions en 2017 pour tripler le nombre de ses appareils.
Sur les 12,3 millions de touristes qui ont foulé le pays l’an passé, les Saoudiens étaient de loin les plus nombreux (7, 335 millions) devant les Indiens (1 ,224 millions), les Britanniques (2,77 000), les Allemands (8,7 000) et les Chinois (4,4 600). Si seulement 49 000 Français ont visité Bahreïn l’an dernier, exclusivement issus d’une clientèle d’affaires ou d’expatriés, ce nombre devrait prochainement exploser, notamment avec l’intérêt croissant de vacanciers à la recherche d’une alternative à Dubaï et Doha. Comme dans six autres pays du monde (Russie, Chine, Allemagne, Royaume-Uni et Arabie saoudite), les autorités bahreïniennes ont récemment ouvert un bureau de promotions en France et pris place dans les catalogues d’un croisiériste (MSC Croisières) et de quatre tours operators (Aya Desirs du Monde, Kuoni, Promovacances et Vacances sur mesure), contre un seul en 2016. « Et sans citer de noms, je peux déjà annoncer que plusieurs autres sont sur le feu, pour augmenter très considérablement le nombre de Français vers le Bahreïn », confie le président d’Interface Tourism, chargé représenter le royaume sur le marché français. Au Bahreïn, les professionnels du tourisme sont particulièrement intéressés par les Français, estimant que « ce sont les touristes les plus exigeants, qui flairent l’authenticité », explique Ziad Asfour. « S’ils vous valident, d’autres suivront », assure-t-il. Avec un vol direct par jour en partance de Paris Charles de Gaulle, les Français vont-ils faire de Bahreïn la nouvelle destination tendance ?