Gérald Darmanin est déterminé à pousser pour des réformes pour mettre fin à l’ère du déficit.
« Le bon déficit, c’est zéro » Voilà le genre de déclaration que l’Europe entendait de Wolfgang Schäuble, l’ancien ministre allemand des Finances formé à la discipline budgétaire. Mais cette fois, cette déclaration vient d’un ministre français.
« Non », a ainsi déclaré Gérald Darmanin à la question d’un journaliste qui souhaitait savoir si lui et le président Emmanuel Macron avaient sabré une bouteille de champagne lorsque le déficit budgétaire de la France est tombé sous la limite européenne de 3% du produit intérieur brut pour la première fois en dix ans.
« Non, parce que nous sommes toujours à 2,6%. Puisque la France n’est pas en crise économique, nous devons avoir un budget équilibré, afin que nous puissions nous permettre un déficit dans des périodes difficiles. »
La France a fréquemment promis d’équilibrer ses finances, mais le parys ne l’a pas fait depuis 1974. Le déficit est devenu une caractéristique de la vie économique et politique française, en partie justifiée par la préférence politique du pays pour les dépenses publiques et les politiques de redistribution visant à stimuler la consommation et la croissance.
Mais après la crise de la dette de la zone euro, la dette française s’est élargie : jusqu’à 96% du PIB ces dernières années contre environ 20% dans les années 70.
Avec l’aggravation de son déficit public, la crédibilité de la France en Europe s’est particulièrement affaiblie. Le non-respect des exigences de l’UE a souvent opposé Paris à Bruxelles. Les dirigeants français ont perdu leur influence à mesure que le scepticisme des chanceliers allemands ne cessait de croître.
Mais la tendance est en train de s’inverser. Le fait que la France ait ramené son déficit en conformité avec les objectifs de l’UE l’an dernier (3,4% en 2016) renforce son objectif d’équilibre budgétaire en 2022.
Réforme de l’emploi chez les fonctionnaires
Après avoir voté une loi rendant son marché de l’emploi plus flexible, le chef de l’Etat a promis de réviser les régimes de retraite complexes. Le gouvernement cherche également à mettre fin à l’emploi à vie dans la fonction publique et à instaurer un système de rémunération basé sur la performance pour ces mêmes fonctionnaires.
« C’est une réforme de l’esprit français », a insisté M. Darmanin dans une interview.
La Commission européenne et l’Allemagne saluent cette nouvelle attitude. La France devrait largement sortir de la procédure dite de déficit excessif – qui consiste en une série de mesures contre les pays qui enfreignent les règles budgétaires de l’UE – dès ce mois-ci.