Le cabinet PwC a rendu une étude le 5 juin sur le degré de maturité numérique au sein des directions juridiques d’un échantillon d’entreprises. Le constat est sans appel, un manque de maturité demeure malgré une volonté politique elle, bien présente.
« Nous devons définir les règles de vie d’une nouvelle société, où le numérique serait installé durablement et pour le meilleur, si on donne les règles pour éviter le pire ! » s’exprimait ainsi Mounir Mahjoubi devant l’Assemblée Nationale le 6 Juin dernier. Faisant échos à la semonce de la Cour des Comptes, qui estimait en février dernier que la transformation numérique était encore trop lente et parcellaire, le Secrétaire d’Etat vient de rendre un rapport pour que « chacun gagne en autonomie et profite des opportunités qu’offre le numérique ». Ce faisant, le M. Numérique du gouvernement entend accélérer la digitalisation du tissu industriel et entrepreneurial français.
Rapport de PwC: une maturité digitale (trop) faible
Seulement voilà, entre les désirs et leurs réalisations, la transition numérique tant espérée semble patiner.
Les entreprises et plus particulièrement, les directions juridiques sont encore peu matures sur le plan numérique. C’est en tout cas ce que nous apprend un rapport de PwC, pour qui les outils juridiques manquent. « La dynamique nécessaire à la transformation numérique est sous-estimée. Or, ce sont les directions juridiques qui sauront fédérer leurs collaborateurs et les rendre acteurs de leur projet de transformation qui passeront, les premières, le cap du numérique », développe Audrey Benguira, avocat, directeur chez PwC Société d’Avocats. La prise de conscience est bien présente avec une volonté de dématérialiser la documentation et les processus pour 22 % des directions juridiques interrogées, ou encore pour 29% d’entre elles d’avoir une plateforme centralisée pour améliorer les échanges ou enfin pour 12% d’entre elles pour favoriser la mobilité des collaborateurs. La dématérialisation complète des contrats est à la traîne, seules 3% des directions interrogées ont entièrement dématérialisé leurs contrats jusqu’à la signature.
Parmi les raisons au frein de la numérisation des organisations, l’interopérabilité des outils trop souvent lacunaires ou la multiplication d’outils dissociés ou enfin leur difficile prise en main. Les outils numériques peuvent devenir un véritable casse-tête pour les équipes lorsqu’ils se superposent voire sont en doublons, sans pouvoir s’accorder et être interopérables.
Les outils numériques au service de la transformation des directions juridiques
Sans céder à une vision purement « technologiste », la transformation numérique n’en demeure pas moins une urgence pour les directions juridiques. A tel point que le prestigieux Cercle Montesquieu, une association composée de directeurs juridiques et d’avocats, a consacré toute une table ronde à l’émergence des LegalTechs et à leur caractère disruptif. Tous les intervenants ont ainsi abondé dans le sens d’une digitalisation des directions juridiques, mais à géométrie variable.
Yves Garagnon, Directeur Général de DiliTrust, représentant la seule entreprise de LegalTech sur la table, a quant à lui attiré l’attention sur le fait que les outils numériques ne venaient pas « prendre le travail des directions juridiques » mais bien les accompagner, afin de les aider à faire mieux avec un budget équivalent.
Laure Lavorel présidente de l’Association Le Barreau en Entreprise estimait quant à elle que la façon d’envisager la digitalisation pour les directeurs juridiques se faisait surtout à travers les outils. Leur complexité, éclatement ou double emploi peuvent ainsi être néanmoins des freins à leur adoption. Pour l’éviter, des éditeurs de solutions logicielles ont pris le parti de regrouper au sein d’un même portail web sécurisé une interface collaborative qui permet aux juristes d’entreprises d’accéder par exemple à différents documents en ayant la possibilité de les amender, de les regrouper et de les classifier. Outre la fonctionnalité d’exécution pure, l’outil peut être un catalyseur pour réformer en profondeur l’entreprise qui reste soumise à des évolutions normatives fréquentes.
Encore faudrait-il en disposer. Dans la version 2017 de l’étude, 2 déclarants sur 5 estimaient ne pas avoir accès aux outils tant désirés. Il serait temps.