Les avertissements sanitaires prochainement affichés sur les bouteilles de vin porteraient atteinte à « l’âme de la France » et feront du fruit du travail viticole un « produit criminel », selon les principaux châteaux du vignoble hexagonal, qui s’alertent des efforts du gouvernement visant à réduire la consommation d’alcool chez les femmes enceintes et les mineurs.
Les producteurs de vin ont ainsi réagi aux projets de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de brandir en rouge deux logos de 2 cm de large sur le devant de chaque bouteille de vin – l’un avertissant les femmes de ne boire aucun vin pendant la grossesse et l’autre destiné aux moins de 18 ans.
Le Domaine de la Romanée-Conti, qui produit le vin le plus cher du monde, figure parmi les signataires d’une lettre envoyée aux responsables de l’industrie il y a trois semaines.
Les vignerons français sont déjà tenus d’inclure des pictogrammes ou un message préconisant une consommation d’alcool nulle pendant la grossesse, mais il n’y a pas de taille minimum légale ou de règles sur la couleur. Il n’y a actuellement aucune obligation d’inclure un message d’avertissement contre la consommation d’alcool chez les mineurs.
Le ministère veut que ces changements entrent en vigueur « d’ici la fin de l’année ».
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, les nouvelles propositions ont été faites alors qu’un quart des futures mères françaises continueraient de boire de l’alcool, tandis que le pays fait face à un phénomène relativement nouveau de beuveries chez les adolescentes.
Dans une tribune au vitriol publiée dans Le Figaro, 64 des plus grands vignobles français, dont Cheval-Blanc, Petrus, Yquem ainsi que les maisons de champagne Pol Roger et Roederer, accusent le ministère de chercher à « semer la peur » et se demandent même si son objectif caché et à long terme était « d’interdire toute consommation d’alcool en France » pour de bon.
