L’activité humaine émet différents gaz dans l’atmosphère, dont certains contribuent à l’effet de serre – et donc in fine au réchauffement climatique. Les gaz dits « à effet de serre » (GES) sont largement dus à la consommation d’énergie fossile, or celle-ci ne cesse d’augmenter : 80 % de l’énergie primaire consommée au niveau mondial était d’origine fossile. Aussi, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devaient croître d’environ 2 % en 2017 par rapport à 2016 et atteindre le niveau record de 36,8 milliards de tonnes.
Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter en France
Dans le cadre de la COP 21, la France s’est engagée à diviser ses émissions de GES par 4 à l’horizon 2050. Une transition énergétique qui nécessite une vive poussée du mix énergétique vers des sources renouvelables ainsi qu’une baisse de la consommation nationale. Si un plan de route a été établi, les émissions hexagonales ont toutefois augmenté l’an dernier et dépassé de 3,6% l’objectif fixé par le gouvernement. Cela s’explique principalement par un retard important dans les secteurs des transports et du bâtiment.
L’empreinte carbone de la France augmente régulièrement : 733 millions de tonnes en 2014, soit plus de 23 tonnes par seconde, contre 539,6 Mt en 2010 et 372 Mt en 1990. Aujourd’hui, les émissions de GES pourraient atteindre 458 millions de tonnes d’émissions de CO2 (MtCO2) sur la période 2014-2018, contre 440 initialement prévus. Selon le même document de travail du ministère de la Transition écologique, la France risque bien de manquer ses objectifs climatiques 2023, fixés par la feuille de route énergétique (PPE).
Qu’en est-il des émissions de CO2 dans les Outre-mer ?
Si les émissions de France métropolitaine sont à la hausse, la réalité est plus complexe dans les territoires d’Outre-mer, qui doivent produire leur électricité indépendamment. Les plateformes d’open data d’EDF, mises en place par la direction des Systèmes Energétiques Insulaires (SEI) ont pour ambition de permettre à chacun de mieux comprendre le fonctionnement des systèmes électriques insulaires, pionniers en matière d’énergies renouvelables (EnR) à la fois grâce à des conditions climatiques plus clémentes et à cause du fait qu’ils sont déconnectés du réseau électrique métropolitain – ils doivent ainsi produire leur électricité directement sur place. Ce suivi permet donc d’analyser dans le détail le résultat de plusieurs expérimentations mises en œuvre dans le domaine de la maîtrise de la consommation d’énergie.
Dans certains territoires, les émissions de CO2 augmentent : En Corse, les GES liés à la production d’électricité ont augmenté au cours des dernières années, passant de 552 kt en 2014 à 729 kt en 2017. Il en est de même à la Réunion, avec un bond de 1989 kt en 2014 à 2054 en 2017. Les émissions diminuent légèrement dans d’autres territoires : En Guyane, le résultat est plus encourageant, alors que les émissions sont passées de 273 kt en 2014 à 242 kt en 2017. La Guadeloupe a elle aussi réduit son empreinte carbone, passant de 1412 kt à 1389 sur la même période. La Martinique se démarque quant à elle par une stabilisation progressive de ses émissions, avec une légère hausse, passant de 921 kt en 2014 à environ 1000 kt en 2017.
Quel est l’impact du changement climatique dans les Outre-mer ?
Le réchauffement climatique – et la fonte des glaces aux pôles – s’accompagne d’une nette hausse du niveau de la mer – une réalité inquiétante quand on sait que les Outre-mer en seront les premières victimes. En effet, d’après Anny Cazenave, chercheuse au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) à Toulouse, « la hausse du niveau des mers s’accélère et on s’attend à une amplification du phénomène de 30% supérieur dans les zones tropicales ».
Au cours du XXème siècle, les scientifiques ont enregistré une hausse globale de 17 cm du niveau de la mer. Selon ces derniers, il faudrait tabler sur une hausse allant d’un 1 m à 1 m 50 durant le XXIème siècle. Mais il ne s’agit pas de la seule menace pour les Outre-mer.
« Aujourd’hui on a augmenté l’acidité de l’eau de mer de 30% depuis les années 1800 », note Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’acidification des océans, « et on estime qu’elle va doubler ou tripler d’ici à 2100 en fonction des émissions de CO2 que l’on effectuera ». « Cette combinaison de l’acidification, de la hausse de la température et du l’élévation de l’océan va avoir des impacts dramatiques par exemple sur les récifs coralliens qui sont une source de nourriture essentielle pour les populations locales », souligne-il.
Rappels des spécificités et ambitions de ces territoires et du rôle d’EDF
Acteur et facilitateur de la Transition Energétique, EDF assure le développement des énergies renouvelables dans ces Zones Non Interconnectées (ZNI) qui nécessitent traditionnellement un niveau élevé d’importations d’énergies fossiles (fioul, gaz et charbon). L’idée est de transformer les inconvénients locaux (notamment l’exclusion de la production d’énergie nucléaire, peu chère, et peu émettrice de GES) en avantage. Rien ne retient en effet ses territoires, qui ont tout intérêt à prendre la vague de l’efficacité énergétique.
Avec 30 % d’énergies renouvelables présentes dans leur mix énergétique, la Corse, les DROM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Mayotte) dépassent les objectifs européens et sont devenues « des terres d’excellence et d’innovation qui permettent à la France d’être en avance sur son temps » (livre bleu des Outre-mer). Une dynamique encourageante qui sera renforcée par le développement des solutions de stockage d’électricité, permettant une bonne distribution, même en cas d’intempéries.
L’ambition des DOM est d’atteindre l’autonomie énergétique en 2030, avec un palier à 50 % d’EnR en 2020. La Corse, quant à elle, vise l’autonomie pour 2050 avec une étape à 40% d’EnR dès 2023. A cette fin, « La première qualité d’une source d’énergie électrique dans les zones non-interconnectées est d’être disponible, car dans un tel système on ne compte que sur nous-mêmes », estimait Frédéric Busin, ancien Directeur de la direction SEI (remplacé par Gilles Galléan en novembre 2017). « Toutes les solutions ne sont pas trouvées aujourd’hui. Il faut rester le plus ouvert possible, ne pas rester dans des modèles et avoir une approche systémique ». Une recette qui, jusqu’à maintenant semble faire mouche.