Avec 1,7 milliard de dollars d’investissements en capital-risque au premier semestre 2018, le financement des start-up est en plein boom. Ce qui ne doit pas faire oublier les stratégies innovantes, comme l’initial coin offering.
Les chiffres sont spectaculaires. Au total, les investissements réalisés au premier semestre 2018 par les sociétés de capital-risque dans les start-up françaises se sont élevés à 1,7 milliard de dollars, selon le dernier baromètre publié par KPMG. Sur l’ensemble de l’année 2017, ces investissements avaient atteint 1,88 milliard de dollars, ce qui fait parler aux experts d’une véritable « explosion » des financements des start-up.
Si le nombre de deals est quant à lui en baisse (à 177, contre 239 au premier semestre 2017, soit – 26 %), cela confirme « la tendance mondiale d’un marché plus mature, qui tend à moins de deals, mais de plus grosse taille ».
L’étude KPMG confirme également la montée en puissance du « corporate venture », qui représente 22 % des deals conclus au premier semestre 2018, contre 16 % sur la même période en 2017. « Le profil type des investisseurs évolue, avec notamment de plus en plus de co-investissements de fonds et corporate ».
La tendance est en effet à la diversification, ce qui représente un défi majeur pour le venture capital (VC). Selon Alexandre Azoulay, président du fonds de venture SGH Capital, l’essor des monnaies virtuelles « a ouvert la porte à une démocratisation de l’investissement, en donnant aux startups accès à une base nouvelle d’investisseurs ».
Financement des start-up: l’ICO, une valeur sûre selon Alexandre Azoulay
L’ICO (Initial Coin Offering), qui permet de lever des fonds via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies, change entièrement la donne en matière de financement. Une start-up qui vend des tokens en laissant le marché décider de leur valeur, peut en effet mobiliser des millions et offrir de généreux rendements, explique Alexandre Azoulay.
Conscient du défi majeur que ces changements représentent pour le VC, le dirigeant encourage les nouvelles stratégies innovantes. Exit notamment les incubateurs ou accélérateurs, qui « n’ont pas survécu à la crise » faute de « verticaux spécifiques ».
En 2017, SGH Capital préconisait l’abandon du modèle de l’incubateur, dont les rendements étaient suboptimaux. Il se concentre désormais sur ce qui s’annonce comme « l’avenir du modèle très en vogue de start-up studio », à savoir l’Entrepreneur in Residence (EIR).
Pour rappel, les start-up studios ont été conçus dans les années 2000 afin de maximiser les chances de succès des start-up à leur démarrage. Si dans un incubateur, le coach guide, oriente et conseille le startuper, le studio s’implique opérationnellement et financièrement dans le projet, ce qui lui permet de participer au développement de l’activité jusqu’à sa maturité économique.
Retour aux fondamentaux
Mais attention, devenu filiale d’un fonds VC, le studio risque d’engendrer un contrôle accru des investisseurs, ce qui peut à son tour brider la créativité.
C’est justement le danger que le modèle de l’EIR entend combattre. Entourés d’entrepreneurs confirmés ou ayant une conviction exceptionnelle sur un secteur, les fonds peuvent rester actifs dans les projets sans devenir des « usines à financer les start-up balbutiantes » et sans faire porter tous les risques au VC, explique Alexandre Azoulay.
Le fondateur de SGH Capital est persuadé que « le premier moteur pour réussir un lancement, une création, une innovation, c’est l’homme. Il s’agit d’identifier et de créer une empathie avec des talents mus par un véritable caractère entrepreneurial, quel que soit leur domaine d’intervention. Il faut inverser le process : il ne s’agit plus d’accepter de business plan ou des projets, mais plutôt des entrepreneurs et des développeurs exceptionnels. Et si les entrepreneurs sont, par définition, des sortes d’électrons libres, s’il ne peut exister d’innovation sans désobéissance, pourquoi ne pas s’entourer des meilleurs d’entre eux et de s’en adjoindre les conseils ? »