Objets de tous les fantasmes, les « conseillers influents » (ou « visiteurs du soir ») murmurent à l’oreille des puissants, hommes d’affaires ou politiques. Si la plupart jouissent d’une audience éphémère, certains parviennent à s’inscrire dans le temps en conseillant des dirigeants sur plusieurs décennies. Portait croisé de trois hommes qui ont su devenir des conseillers de référence, chacun dans leur domaine respectif : Claude Bébéar, René Ricol et encore Raymond Soubie.
Claude Bébéar, le parrain du « nouveau » capitalisme
Fils d’un principal de collège et d’une mère institutrice, qu’il qualifie de « hussards noirs de la République », Claude Bébéar est pourtant considéré aujourd’hui comme le parrain du capitalisme français, expression qu’il déteste, trop péjorative à ses yeux. Polytechnicien, il effectue sa carrière dans l’assurance et parvient à transformer un petit assureur normand en géant mondialisé des assurances, AXA, dont il est aujourd’hui président d’honneur.
L’influence qu’il exerce dans le milieu des affaires est indéniable : il est connu pour être l’un des principaux acteurs de la chute de Jean-Marie Messier, lorsqu’il était à la tête de Vivendi Universal. En 2005, il aurait été également à la manoeuvre pour faciliter l’élection de Laurence Parisot à la tête du Medef. On dit de lui qu’il a rénové le capitalisme des années 2000.
Mais ce n’est pas sa seule casquette : il est considéré aujourd’hui comme un acteur engagé de la vie de la Cité. Dès 2001, il créé l’Institut Montaigne, un groupe de réflexion politique influent, il co-fonde la Charte de la Diversité et devient président d’honneur de l’association Orchestre à l’école, tout comme il a été à l’origine de l’Institut du mécénat humanitaire (IMH). En 2017, il apportait son soutien public à Emmanuel Macron pour les élections présidentielles. C’est l’un des hommes les plus écoutés dans l’Hexagone, respecté par ses pairs comme par les syndicalistes, et dont les conseils sont précieux en temps de crise.
René Ricol, l’expert en stratégie financière
Plus discret, René Ricol apparait lui comme l’incontournable conseiller des puissants en matière de stratégie et de communication financière. Ce diplômé en comptabilité et sciences économiques se lie à Gilles de Courcel et Jean-Charles de Lasteyrie et fonde en 1986 le cabinet Ricol & Lasteyrie. Le cabinet conseille de grands patrons français, comme Vincent Bolloré ou Jean-Charles Naouri.
En 2008, au plus fort de la crise des subprimes, c’est vers René Ricol, qu’il qualifie « d’un de nos meilleurs experts », que le président français, Nicolas Sarkozy, se tourne afin de mettre sur pied une mission de réflexion : il en ressortira trente propositions « anticrises », au terme d’innombrables auditions. Le rapport deviendra le document de travail de la présidence française du G20. En 2013, René Ricol est aussi à l’origine de ce qui deviendra le Pacte de responsabilité et de solidarité, annoncé par François Hollande.
Désormais déchargé de responsabilités publiques, René Ricol se consacre à nouveau à son cabinet, Ricol & Lasteyrie, qui s’est fait racheter en 2015 par le leader mondial de l’audit EY. Il vient de recevoir « l’IFAC Global Leadership Award » en hommage à Robert Sempier, soit la plus haute distinction dans ce domaine d’activité, récompensant « les personnes apportant une contribution remarquable à la profession de comptable ».
Raymond Soubie, « le maître Yoda » des relations sociales
Enfin, Raymond Soubie, apparait comme l’expert numéro un en gestion des ressources humaines et plus globalement des relations sociales. On dit d’ailleurs de lui qu’il est « le maître Yoda » du dialogue social : à ce titre, il intervient régulièrement dans les médias pour apporter son éclairage sur les conflits sociaux.
Enarque de formation, il est conseiller social de Jacques Chirac de 1974 à 1976, puis de Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2010. Connu pour conseiller les hommes politiques de droite (Raymond Barre, Jaques Chirac, Edouard Balladur, Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy), il prend par ailleurs la direction du groupe de presse Liaisons et fonde le cabinet de conseil en ressources humaines Altedia, cabinet qui conseille une bonne partie du CAC40. Toute sa carrière, il sait rester proche des sphères du pouvoir. Très écouté par les syndicats et le patronat, il dirige aujourd’hui deux sociétés de conseil, Taddeo et Alixio, devenues des acteurs incontournables des restructurations et fusions/acquisition.