Tandis que de nombreux élèves abandonnent leurs études parce qu’ils ne parlent pas le français, le gouvernement marocain a proposé de réintroduire celui-ci comme langue d’enseignement des sciences, des mathématiques et de matières techniques telles que l’informatique dans les lycées.
La langue de l’élite
Il souhaite également que les enfants commencent à apprendre le français lorsqu’ils entrent à l’école.
Les langues officielles du pays sont l’arabe et l’amazigh, ou le berbère. La plupart des gens parlent l’arabe marocain – un mélange d’arabe et d’amazigh infusé d’influences françaises et espagnoles.
À l’école, les enfants apprennent l’arabe même s’ils ne l’utilisent pas en dehors de la classe. Quand ils arrivent à l’université, les cours passent au français, la langue de l’élite urbaine et aux anciens maîtres coloniaux du pays.
Deux personnes sur trois ne terminent pas leurs études dans les universités publiques marocaines, principalement parce qu’elles ne parlent pas français.
Le marasme linguistique a bloqué la croissance économique et exacerbé les inégalités dans ce pays d’Afrique du Nord, où un jeune sur quatre est au chômage et dont le revenu annuel moyen est d’environ 3 000 euros par personne, selon le Fonds monétaire international (FMI) – soit moins d’un tiers de la moyenne mondiale.
Les projets d’élargissement de l’enseignement du français vont au cœur de l’identité nationale du Maroc.
Ils renverseraient des décennies d’arabisation après l’indépendance de la France en 1956 et auraient déclenché un tollé au Parlement, où des membres du parti islamiste PJD, le principal associé du gouvernement de coalition et le parti conservateur Istiqlal les considéreraient comme une trahison.
Le désaccord a retardé le vote sur les modifications.
« L’ouverture au monde ne doit pas servir de prétexte pour imposer la primauté du français », a déclaré Hassan Adili, un législateur du PJD.
Les partisans du projet affirment que les changements reflètent la réalité économique et l’emploi courant du français dans les affaires, le gouvernement et l’enseignement supérieur, donnant ainsi à ceux qui peuvent se permettre une éducation privée en français un énorme avantage sur la majorité des étudiants du pays.