Tourisme : la France, l’Italie et le Maroc s’organisent face au coronavirus

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Les secteurs du tourisme italien, français et marocain sont durement éprouvés par l’épidémie de Covid-19. Pour éviter un effondrement total de pans entiers de leurs économies, les États prennent des mesures extraordinaires pour venir en aide aux entreprises et aux compagnies aériennes nationales (Air France, Alitalia, Royal Air Maroc).  

Le secteur du tourisme est sans aucun doute l’un des plus touchés par l’épidémie mondiale de coronavirus. Si plus de 110 pays sont désormais concernés par la pandémie partie de Chine, ceux dont une part importante du PIB repose sur le tourisme sont en première ligne face aux conséquences de la propagation du virus. Annulations de voyages en cascade, effondrement des réservations à court et moyen termes, pertes financières colossales : la panique qui s’est saisie des voyageurs aura des répercussions durables sur un secteur stratégique pour des pays comme la France, l’Italie et le Maroc, qui attirent chaque année des dizaines de millions de touristes internationaux. Dans l’urgence, les pouvoirs publics tentent de sauver les meubles et protéger les entreprises du tourisme de la faillite.

Dans l’Italie confinée, le secteur du tourisme aux abois

A Venise, la place est Saint-Marc désertéeEpicentre européen du Covid19, l’Italie est l’une des principales destinations touristiques au monde, avec quelque 58 millions de voyageurs annuels, contribuant à plus de 13% de la richesse transalpine. La propagation exponentielle du virus dans le pays a conduit les autorités à prendre, avant tous les autres Etats européens, des mesures drastiques pour tenter d’enrayer la pandémie. Les Italiens ont ainsi été les premiers à expérimenter un confinement total, les voyages et déplacements étant totalement prohibés à l’exception des besoins professionnels et vitaux. Conséquence, le pays s’attend à une chute des entrées sur son territoire de plus de 45 millions de voyageurs, entrainant une perte pour le secteur touristique de 11 milliards d’euros, minimum !

Place Saint-Marc désertée, Colisée et Vatican vides de badauds… Que vont devenir les 2,7 millions d’Italiens (soit plus d’un travailleur sur dix) dont l’activité est, directement, liée au tourisme ? Si le gouvernement a tout d’abord promis des aides aux entreprises du secteur exerçant dans les « zones rouges », les professionnels du tourisme attendent désormais des « mesures immédiates » en direction « non seulement des hôtels, mais aussi de l’ensemble du système italien non hôtelier ». Dont acte : le 2 mars, le gouvernement italien a par un décret-loi autorisé les agences de voyages du pays à délivrer des bons d’achat aux clients annulant leur séjour – en lieu et place d’un remboursement en numéraire. Une mesure bienvenue – et semble-t-il bien perçue par les clients –, qui devrait soulager les entreprises du secteur, en préservant leur trésorerie.

 

En France, « un plan d’aide massif » pour le secteur touristique

Les rues de Paris se vident

La France, troisième pays européen le plus touché après l’Italie et l’Espagne, fait également face à un risque d’effondrement de son secteur touristique. Alors que 7% de notre PIB dépend de cette activité, les professionnels de l’hôtellerie, de la culture, des loisirs ou de la restauration enregistrent des résultats catastrophiques. Si rien n’est fait, d’innombrables entreprises pourraient, comme la récente faillite du voyagiste britannique Thomas Cook l’a démontré, purement et simplement disparaître. La Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT) a adressé le 13 mars un courrier au Premier ministre, Edouard Philippe, dépeignant « une situation dramatiquement historique » et « un risque vital et immédiat » pour les entreprises du secteur.

Evoquant le chiffre de 10 milliards d’euros de manque à gagner pour les seuls quatre premiers mois de l’année, le secrétaire d’Etat au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a annoncé vendredi dernier un « plan d’aide massif pour préserver les emplois, les entreprises et les trésoreries ». Comme en Italie, l’idée serait, selon le ministre, « que les voyages (annulés fassent) l’objet d’un avoir, d’un bon, qui permettrait à ceux qui ne peuvent plus voyager de différer leur déplacement dans quelques mois ». Une mesure qui « permettrait de sauver les trésoreries de ces entreprises, de sauver les salariés qui y travaillent », selon M. Lemoyne.

 

Au Maroc, Royal Air Maroc montre l’exemple aux autres compagnies

Au Maroc, Royal Air Maroc montre l'exemple aux autres compagnies

Le Maroc, où le secteur du tourisme contribue à hauteur de 11% du PIB et pourvoie près de 550 000 emplois directs, est lui aussi concerné au premier chef par l’épidémie. Comme la plupart des autres capitales, Rabat a annoncé, samedi dernier, une série de mesures drastiques destinées à enrayer la propagation du virus sur son territoire : suspension des liaisons aériennes avec de nombreux pays européens, interdiction des rassemblements publics de plus de 50 personnes, annulation des évènements sportifs et culturels, etc. Le royaume a également mis à contribution sa compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc (RAM) afin de rapatrier, début février, plus de 150 de ses ressortissants. RAM qui, au contraire d’autres compagnies moins prudentes, a très tôt décidé de suspendre l’intégralité de ses vols vers la Chine puis, à partir du 10 mars, vers l’Italie – une décision imitée par la suite par Air France ou Ryanair. Généreuse, Royal Air Maroc a également proposé à ses clients le remboursement de leurs trajets sous forme de bons d’achat.

Reste que la compagnie marocaine va, à l’image de l’ensemble du secteur aérien, devoir accuser le coup – et assumer le coût – de la pandémie. « L’impact est là, il faut l’admettre », a ainsi concédé son PDG, Abdelhamid Addou, qui a annoncé la mise en place d’un plan d’austérité et de « réduction de la voilure », mesures qui se traduiront, notamment, par le gel des recrutements, l’arrêt des achats non prioritaires ou encore le maintien au sol de plus d’un tiers de ses appareils. Si la compagnie a connu une croissance de +22% de ses ventes depuis janvier dernier, RAM a d’ores et déjà enregistré une chute de la demande de 30% entre le 1er mars et le 31 mai. Ces mesures indispensables pour sauver le fleuron marocain, mais radicales.

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