Les plans pour un projet de 1,1 milliard d’euros visant à construire de nouvelles connexions électriques sous-marines cruciales entre la France et le Royaume-Uni ont été retardés par le Brexit, car la commission française de l’énergie, la CRE, a déclaré que cela présentait «trop d’incertitude».
Le projet consiste à installer de nouveaux câbles sous la Manche, avec une capacité de transport jusqu’à 4,8 gigawatts (GW) d’électricité entre les deux pays. C’est plus du double de la capacité de la ligne actuelle (2 GW).
L’entreprise est menée par l’homme d’affaires anglo-ukrainien Alexander Temerko.
Il y a actuellement trois entreprises en lice pour prendre en charge les travaux : Aquind, FABLink et GridLink. Un rapport sur le projet commandé par Aquind a révélé qu’il a le potentiel de «créer une valeur économique» de 1,1 milliard d’euros pour la France au cours des 25 prochaines années.
Le projet, qui serait financé par le secteur privé et n’utiliserait pas l’argent des contribuables publics, créerait également 250 nouveaux emplois en Normandie.
Mais le régulateur français la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), a suspendu le projet en raison du Brexit, affirmant qu’il a créé trop d’incertitudes entre la future utilisabilité des connexions énergétiques entre la France et le Royaume-Uni, et met donc la viabilité du projet dans le doute.
Liens d’exportation d’énergie franco-britannique
Pourtant, le projet apparaît de plus en plus nécessaire pour les deux pays.
Le Royaume-Uni compte souvent sur la France pour ses besoins en électricité importée, d’autant plus que le pays est sur le point de fermer toutes ses centrales au charbon d’ici 2025 et de se tourner plutôt vers des sources renouvelables.
La France produit plus d’énergie que ce dont elle a besoin, et exporte donc le surplus, mais elle doit avoir des liens d’exportation viables pour le faire, car l’électricité doit être consommée dès sa production, en l’absence de toute technologie fiable pour la stocker indéfiniment.
Parfois – plus rarement – l’exportation d’énergie se fait également dans l’autre sens.
Par exemple, en début de soirée en hiver, la consommation française de pics électriques et les parcs éoliens britanniques fonctionnent à leur apogée ; alors que le pic de consommation d’électricité au Royaume-Uni arrive plus tôt, vers 17 heures.
Incertitude liée au Brexit
Le Brexit continue de créer de l’incertitude pour le secteur, a déclaré la CRE.
Domitille Bonnefoi, de la CRE, a déclaré au journal Le Figaro : «Si le Royaume-Uni quitte le marché intérieur de l’énergie [UE], le système d’allocation sera remplacé par une enchère ouverte, et les connexions apporteront moins de valeur aux consommateurs européens.
«Nous ne pensons pas qu’il soit pertinent de lancer de nouveaux projets de connexion franco-britannique avant d’y voir un peu plus clair.
Une coopération future n’a pas été totalement exclue. Un rapport de la CRE – publié l’année dernière – détaille un «projet de parc éolien très ambitieux au Royaume-Uni à l’horizon 2040».