Concurrencer les grands instituts de sondage sur leur terrain de jeu en capitalisant sur le numérique était, pour Tarek Ouagguini, CEO de la start-up Happydemics, un pari osé. Pourtant, l’entrepreneur, qui vient de boucler un — nouveau — tour de table à 8 millions d’euros, s’affirme déjà comme un des leaders à venir du marché. Planète Business dresse le portrait d’un entrepreneur à suivre de près.
Happydemics : une start-up née d’une « frustration »
Comme son associé Nicolas Trabuc, Tarek Ouagguini est issu du monde des grandes agences de communication, notamment TBWA, Leg (Havas), ou McCann, où il a travaillé comme concepteur-rédacteur. Un enseignement littéraire, en hypokhâgne et khâgne, une école de commerce et un an de recherche à l’EHESS ont forgé le parcours de Tarek Ouagguini, qui partage un goût pour la création et une passion pour le business. Happydemics n’est pas la seule expérience entrepreneuriale pour Tarek Ouagguini, qui avait déjà contribué à fonder, en 2015, la startup de vente d’occasion géolocalisée Catcher, avant de se consacrer à 100% aux sondages et aux études d’opinion.
C’est après TBWA, en 2015 que l’aventure Happydemics est née, à partir d’une « frustration » partagée avec son futur associé. Pendant la création d’Happydemics, qui était alors un simple outil de création de sondage, un débat est lancé sur les comportements réels et les attentes de leur cible. Trop simpliste, la perception du client méritait une étude d’opinion plus approfondie. Rejeté, le projet d’étude est jugé trop complexe, trop long, trop cher. Un refus qui marque la naissance d’Happydemics : rendre les études d’opinion plus efficaces, plus accessibles, plus rapides et facilement compréhensibles pour les entreprises. En bref : redonner à l’enquête d’opinion ses lettres de noblesse.
L’idée initiale semble trouver son public. Et les investisseurs commencent à se montrer. À partir de 2017, les levées de fonds s’accélèrent pour Tarek Ouagguini et Nicolas Trabuc. Une première de 2 millions en 2017, puis 1,2 million en 2018. Signe de la résilience de la start-up et de ses perspectives de croissance, Happydemics lève 5 millions d’euros en juin 2020, alors que la crise sanitaire a fait l’effet d’un coup de froid sur l’économie mondiale. À peine six mois après, Happydemics vient de compléter ce tour de table et de le porter à 8 millions d’euros, avec l’arrivée de nouveaux actionnaires, le fonds Adelie et le cabinet de conseil Sia Partners, qui rejoignent, entre autres, le family office Fair/e, ainsi que Laurent Ritter et Alexandre Yazdi, cofondateurs et CEO de Voodoo. Scruté par les acteurs de la French Tech, Happydemics rassemble aujourd’hui une quarantaine de collaborateurs, qui répartissent leurs activité entre Paris Amsterdam et Londres et aspire à poursuivre son développement international, où il escompte tirer 50 % de son chiffre d’affaires en 2021.
Concurrencer les instituts de sondage sur les études d’opinion
Mais Tarek Ouagguini est encore en position d’outsider. Car il faut des moyens pour dominer un marché encore très largement structuré par les instituts de sondage classique. Tarek Ouagguini n’hésite pas à renforcer ses équipes, en faisant venir, en novembre dernier, Charlotte Taupin ancienne COO et membre du board d’Ipsos France. Mais le pari initial est réussi : réinventer les études d’opinion en les débarrassant de tous les biais qui, de longue date, minent leur crédibilité et qui leur ont progressivement fait perdre leur intérêt stratégique aux yeux des entreprises, comme il l’affirme au Siècle Digital.
Les panels, par exemple, n’existent pas chez Happydemics. Les volontaires qui répondent aux questions sont interrogés à travers les sites ou applications qu’ils consultent chaque jour, à travers les espaces publicitaires achetés par Happydemics. Le canal numérique permet à Happydemics de proposer des études worldwide, dans des délais très courts. Même en Afrique, traditionnellement absente des études d’opinion, où le smartphone permet de fournir de très bons résultats. Une rapidité d’action et une approche novatrice qui permettent de saisir rapidement les attentes et les habitudes de millions de consommateurs, suscitant l’intérêt de grands groupes français comme Total, Danone ou BNP Paribas, mais aussi d’une myriade de start-up, PME et ETI.
L’objectif ? « Parler intimement et différemment à ses clients » selon Tarek Ouagguini. Mais, pour cela, il faut comprendre l’opinion.
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