Le nouveau chef du groupe français doit mener un changement radical de stratégie tout en gardant les investisseurs à l’écoute.
L’année 2020 a été particulièrement difficile pour Engie. Le groupe énergétique français a évincé un directeur général, en a engagé un autre, a radicalement changé de stratégie et a vendu une participation de 3,4 milliards d’euros dans le groupe d’eau et de déchets Suez, donnant ainsi le coup d’envoi d’un combat d’entreprise qui secoue encore le monde des affaires français.
L’entreprise doit maintenant prouver aux investisseurs qu’elle peut se tourner vers un nouveau dirigeant, car elle délaisse les services pour se concentrer sur les infrastructures énergétiques et les énergies renouvelables – tout en veillant à ne pas devenir une cible de rachat dans le processus.
« Nous devions cocher la case sur certains grands sujets comme Suez », a déclaré Jean-Pierre Clamadieu, président de l’Engie, au Financial Times. « Avec ces cases cochées, trimestre après trimestre, nous devons démontrer que, en effet, la croissance se produit là où nous l’attendons. Maintenant, ce n’est plus seulement une aspiration ».
Les ventes d’actifs prévues par Engie l’année prochaine comprennent la scission d’une activité de services à la clientèle qui emploie 74 000 des 170 000 salariés du groupe et a rapporté 20 % des 60 milliards d’euros de ventes de l’année dernière.
L’entreprise doit encore décider si cela se fera par une introduction en bourse ou par une vente à un fonds de placement privé, et M. Clamadieu est à la recherche d’une équipe de direction pour diriger la nouvelle entreprise. Mais quelle que soit la voie choisie, la pression est toujours là.
« Engie doit prendre de la valeur plus vite qu’elle ne vend d’actifs, c’est le jeu de l’année prochaine », a déclaré un banquier proche du groupe.
M. Clamadieu admet que l’entreprise a connu une « crise difficile » – elle a annulé son dividende – un geste rare et douloureux pour une entreprise de services publics. Malgré un troisième trimestre relativement bon, le cours de son action a chuté d’environ 13 % au cours de l’année et sa capitalisation boursière s’élève à environ 31 milliards d’euros.
La tâche de transformer la stratégie de l’entreprise en un plan d’affaires incombera à Catherine MacGregor, une ancienne cadre du groupe de services pétroliers Schlumberger qui prendra la direction de l’entreprise en janvier.