Le départ de Jean-Pierre Denis du Crédit Mutuel Arkéa sonne le début d’une nouvelle ère pour la banque bretonne, avec en vedette, Hélène Bernicot, dans le rôle de directrice générale et, d’après d’insistants bruits de couloir, Julien Carmona en tant que président. Un règne qui, à l’inverse de ces dernières années, devrait être marqué du sceau de l’apaisement plutôt que de celui du conflit.
Julien Carmona, une simple question de temps
Secret de polichinelle. Julien Carmona, actuel directeur général délégué de Nexity, devrait, sauf accident industriel, succéder à Jean-Pierre Denis au poste de président du Crédit Mutuel Arkéa. “Sous réserve de son élection en tant qu’administrateur par l’assemblée générale du Crédit Mutuel Arkéa puis de sa désignation par le conseil d’administration, Julien Carmona pourrait succéder, en tant que président du Crédit Mutuel Arkéa, à Jean-Pierre Denis, qui quittera ses fonctions le 11 mai, date de la prochaine Assemblée générale du Groupe”, a ainsi déclaré l’établissement bancaire dans un communiqué de presse, le 29 mars dernier.
Une succession appuyée par Jean-Pierre Denis himself, qui confesse : “J’ai la plus grande estime pour Julien Carmona avec qui j’ai noué, depuis de nombreuses années, des relations personnelles de confiance et des liens professionnels de grande qualité. (…) Julien dispose d’une excellente vision du secteur bancaire et de ses enjeux, avec une parfaite connaissance des spécificités liées aux établissements coopératifs”.
Et pour cause, diplômé de l’Ecole normale supérieure puis de l’Ecole nationale d’administration (promotion Marc Bloch, 1995-1997), Julien Carmona a débuté sa carrière en 1997, en intégrant l’inspection des finances. Quatre ans plus tard, il rejoint la BNP Paribas et est ensuite nommé, en 2004, conseiller économique de Jacques Chirac. Avant de rejoindre Nexity en 2014, Julien Carmona fait ses armes à la Caisse d’Epargne puis au groupe de réassurance SCOR.
Alors que sa candidature a été examinée le 29 mars dernier par le conseil d’administration du CMA, la désignation du nouveau président n’aura pas lieu avant fin-mai-début juin, conformément au processus de gouvernance. Une fois passé ce délai, Julien Carmona pourrait donc travailler aux côtés d’Hélène Bernicot, actuelle directrice générale de la banque bretonne, qui revendique elle aussi un profil des plus solides.
Après quelques années au sein du cabinet Mazars où elle occupe diverses fonctions (auditrice, chargée des fusions et acquisitions), Hélène Bernicot rejoint le Crédit Mutuel Arkéa en 2004, d’abord en tant que responsable de contrôle de gestion, puis responsable recrutement, responsable des ressources humaines, et directrice du secrétariat général et de la communication institutionnelle du groupe. En février 2020, sa carrière prend un tournant décisif, lorsque Ronan Le Moal, jusqu’alors directeur général emblématique de la banque, démissionne. Officiellement pour se lancer dans l’entreprenariat, officieusement, d’après certains proches de la banque, en raison de la dégradation de ses relations avec Jean-Pierre Denis, de l’enlisement du projet d’indépendance défendu par le CMA et des différentes polémiques dont il a été la cible.
L’heure de l’apaisement a sonné
Si Hélène Bernicot hérite donc d’un passif encombrant, beaucoup parient néanmoins sur la volonté d’apaisement de la directrice générale d’Arkéa. Elle a par exemple, contrairement à son prédécesseur, décidé d’honorer son siège au sein du Comité de coordination de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), l’organe central du groupe bancaire, avec qui la banque bretonne est en conflit depuis de nombreuses années en raison de ses velléités sécessionnistes. En interne, on nourrit plus que jamais l’espoir « de retrouver une maison commune un peu plus apaisée », tant le départ de Jean-Pierre Denis devrait préfigurer, d’après les propres mots de l’intéressé, « une dépersonnalisation » du dossier d’indépendance. Voire un abandon définitif ?
Car si l’indépendance du Crédit Mutuel Arkéa est toujours inscrite dans le plan stratégique de la banque à l’horizon 2024, Hélène Bernicot n’y semble pas plus attachée que ça, tout comme le nouvel arrivant, Julien Carmona, ne devrait pas y accorder une très grande importance. D’autant que les polémiques associées à ce dossier n’ont pas manqué de ternir l’image d’une banque pourtant en pleine croissance et aux perspectives d’avenir alléchantes. Redorer le blason d’Arkéa et hisser la banque au rang des établissements bancaires incontournables devraient dès lors être les principaux moteurs de ce nouveau tandem prometteur.
