Les chiffres présentés mardi 13 avril 2021 par LVMH, le numéro un mondial du luxe, indiquent une croissance de 30% de son chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier. Un excellent résultat qui s’explique notamment par le dynamisme du marché asiatique et les décisions stratégiques prises par la direction.
Les derniers résultats du leader tricolore du luxe LVMH sont tombés mardi dernier. Et ils sont tissés dans de la dentelle fine. Le numéro un mondial du secteur a annoncé avoir atteint 14 milliards d’euros de ventes au premier trimestre 2021, soit davantage que les prévisions de Bloomberg et Facset établies à 12,5 et 12,7 milliards d’euros. La première puissance du CAC40 réalise ainsi un chiffre d’affaires en hausse de 30 % par rapport à 2020, et même 8 % par rapport à 2019.
Dans le détail, la division phare du groupe, la mode et la maroquinerie, « réalise un excellent début d’année et atteint des niveaux records de ventes », indique le communiqué de presse. Avec 6,738 milliards d’euros sur le trimestre, elle fait également mieux que l’an dernier (+ 52 %) et qu’en 2019 (+ 37 %) pour la même période. La division Montre et joaillerie, quant à elle, atteint 1,883 milliard d’euros (+ 35 % par rapport à 2020 ; + 1 % par rapport à 2019), une hausse similaire à celle enregistrée par l’activité Vins et spiritueux.
Seule ombre au tableau, la distribution sélective, qui reste pénalisée par la limitation des voyages internationaux, « plafonne » à 2,337 milliards d’euros (- 5 % par rapport à 2020). « Les États-Unis et l’Asie sont en forte croissance tandis que l’Europe reste en recul sous l’effet des fermetures de boutiques dans plusieurs pays et de l’arrêt du tourisme », avance le communiqué de presse. Cependant, les ventes en Asie (hors Japon) ont largement contribué à limiter la casse, avec une explosion des ventes de 86 % par rapport à l’an dernier.
LVMH et le rachat de Tiffany
« Même aux États-Unis, son deuxième marché derrière l’empire du Milieu, elles ont crû de 23 %, souligne Philippe Escande, éditorialiste économique au Monde. La mode de Dior, mais aussi la maroquinerie de Louis Vuitton, deux secteurs qui représentent la moitié du groupe, ont bondi de plus de 45 %, et même de 32 % par rapport à 2019. A croire que la pandémie a renforcé l’appétit de sa clientèle », se demande le journaliste.
Celui-ci d’avancer notamment l’augmentation du nombre de milliardaires l’an dernier dans le monde pour expliquer ces chiffres mirobolants. Les millionnaires ayant également vu leur richesse s’envoler : «Privées de voyages lointains et de restaurants somptueux, les personnes fortunées se sont rabattues sur les sacs, les robes et les bijoux», estime-t-il.
Les bons résultats de LVMH peuvent s’expliquer par ailleurs par quelques décisions fortes prises par la direction du groupe. Celle, stratégique, de racheter l’américain Tiffany & Co fin 2019, qui lui a permis d’atteindre le marché asiatique où le joaillier (deuxième mondial derrière Cartier) est bien établi – les bons résultats de la division Montre et joaillerie le prouvent. Celle, peut-être encore plus stratégique parce qu’ancienne, de gérer le groupe de manière familiale et raisonnée, tant d’un point de vue économique que social.
« Le record de LVMH n’est qu’une conséquence. La conséquence d’une gouvernance ancrée dans les réalités industrielles », explique le journaliste Noël Labelle. Des fournisseurs fiables, une main-d’œuvre hautement qualifiée, des programmes de formations exigeants, auxquels il faut ajouter la réduction des salaires et dividendes des actionnaires durant la crise sanitaire.