Dans le cadre de l’escalade du conflit entre la France et Jersey concernant les règles de pêche, la ministre française Annick Girardin a annoncé que la France était « prête à prendre des mesures de rétorsion », notamment en utilisant son approvisionnement en électricité pour l’île anglo-normande.
Jersey importe la plupart de son électricité de France via trois interconnecteurs sous-marins. Cette énergie est également partagée avec Guernesey.
Le conflit est né de la question autour des licences de pêche post-Brexit pour les pêcheurs français. Selon l’accord de commerce et de coopération entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (TCA), Jersey doit délivrer des licences qui correspondent à l’activité précédente d’un navire dans les eaux jersiaises. Le gouvernement de Jersey a publié une déclaration indiquant qu’il avait délivré des licences conformément au TCA, et en accord avec les données soumises par les autorités françaises et européennes. Jersey a le seul pouvoir de délivrer les permis.
Au total, 41 permis ont été délivrés vendredi et, depuis la semaine dernière, tous les navires de pêche sont désormais tenus d’avoir un permis pour pouvoir opérer dans les eaux de Jersey. Cependant, le gouvernement français affirme que les licences ont posé des exigences qui n’avaient pas été discutées auparavant, notamment des limites quant aux zones dans lesquelles ils pouvaient opérer et au nombre de jours par an où ils pouvaient être actifs dans ces eaux.
« Nous sommes aux côtés des pêcheurs français qui dépendent de l’accès aux eaux britanniques. Nos voisins imposent des critères qui ne figurent pas dans l’accord post-Brexit. Le droit est formel, les conventions doivent être respectées. Nous veillerons à ce que l’accord signé fin 2020 soit appliqué », a déclaré la ministre Annick Girardin.
Les menaces énergétiques étant dirigées vers Jersey, des inquiétudes ont été soulevées quant à savoir si le conflit affectera l’approvisionnement en énergie du Royaume-Uni au sens large depuis la France. Le Royaume-Uni reçoit actuellement de l’énergie de deux interconnecteurs IFA et IFA2 avec la France et le développement d’un troisième, ElecLink, est en cours.
La France a déjà menacé l’approvisionnement énergétique du Royaume-Uni en raison des droits de pêche. En octobre dernier, avant que le Royaume-Uni ne quitte l’UE, le président français Emmanuel Macron avait mis en garde contre un embargo énergétique pour le Royaume-Uni, bloquant son accès au marché européen de l’énergie suite à des désaccords sur les activités de pêche. À l’époque, on craignait que si le Royaume-Uni quittait l’UE sans accord, les pêcheurs français soient interdits d’accès aux eaux britanniques.