Si, face à la crise sanitaire, les écoles de commerce ont su s’adapter pour venir en aide aux étudiants en difficulté, elles ont pu compter sur la mobilisation sans précédent de leurs associations d’élèves (Alumni) qui ont multiplié les initiatives solidaires pour soutenir leurs membres de par le monde. Des actions rendues possibles, entre autres, par la mise en place, ces dernières années, d’un système de cotisation unique dès l’entrée dans les écoles et pour la vie.
Des écoles solidaires face à la crise
Les écoles de commerce n’ont pas été épargnées par la crise sanitaire que nous traversons. Comme bon nombre d’établissements d’enseignement supérieur, beaucoup sont passées aux cours à distance, parfois au prix d’importants efforts financiers : l’EDHEC et l’IESEG ont ainsi chacune investi un million d’euros pour équiper leurs salles de classe afin de proposer des cours à distance. A l’ESSEC, pas moins de 2,5 millions d’euros ont été investis « en matériel digital et en technologie pour anticiper la prolongation de l’enseignement à distance », rappelait récemment Vincenzo Esposito Vinzi, directeur général de l’école, dans un entretien au Figaro.
Autre casse-tête pour ces Business School largement tournées vers l’international, la mobilité à l’étranger de leurs élèves, obligatoire dans la plupart des cursus. Chez Skema, on comptait ainsi entre 300 et 400 étudiants à l’étranger en 2020, contre 1500 en temps normal. Bien des séjours ont dû être reportés, voire annulés, au grand dam des étudiants. « Reporter les séjours et les remplacer par des stages, favoriser les doubles diplômes, proposer des cours en ligne lorsqu’ils existent… », telles étaient, fin 2020, les alternatives envisagées par la directrice générale adjointe pour les programmes et l’international de Neoma Business School, Céline Davesne.
Problème, les stages et autres jobs étudiants n’ont pas non plus été épargnés par la crise. Suspensions, ruptures de conventions… avec parfois d’importantes conséquences financières pour les étudiants. Une situation qui a, là encore, obligé les écoles à s’adapter : « nous avons augmenté les montants de nos bourses sociales pour des étudiants en difficulté, d’environ 400 000 euros. Certains ont perdu les jobs étudiants qui leur permettaient d’adoucir leurs fins de mois », confiait encore Vincenzo Esposito Vinzi, directeur général de l’ESSEC.
Les réseaux Alumni se mobilisent
Dans cet élan de solidarité, les associations d’Alumni ne sont pas en reste. Leur réseau, qui s’étend à l’international, leur permet en effet de mobiliser au-delà de l’école et de ses étudiants. ESSEC Alumni a ainsi mis en place un dispositif international de solidarité pour permettre aux diplômés de s’entraider. Prenant la forme d’une plateforme en ligne, cette initiative a permis de mettre en relation les diplômés ayant besoin d’aide avec ceux pouvant en proposer. D’autres se sont quant à eux organisés pour faire face à la pandémie, grâce à des dons ou la fabrication de masques. Même chose du côté de l’association des anciens d’HEC dont le président, Frédéric Jousset, a invité, en avril 2020, les membres d’HEC Alumni en Chine à récolter des masques. Après deux semaines à peine, 100 millions de masques avaient été collectés et mis à disposition de personnels soignants.
Renforcement du rôle des associations Alumni
Si les associations Alumni ont pu œuvrer si efficacement durant la crise, et qui plus est au niveau international, c’est qu’elles ont su évoluer depuis quelques années. En 2019, Frédéric Jousset, président d’HEC Alumni, rappelait ainsi, dans une tribune aux Echos, le rôle que devaient jouer les associations d’anciens élèves : « Internationalisation, chômage, reconversion, formation tout au long de la vie, développement business, sont autant de tendances auxquelles les associations d’anciens apportent une réponse sur-mesure. »
Dès lors, afin de se donner les moyens de leurs ambitions, plusieurs associations Alumni ont opté, au cours des dernières années, pour un système d’adhésion pour la vie. « Ce choix se révèle très pertinent. La cotisation à vie nous permet de stabiliser notre budget et de nous consacrer pleinement à nos missions », confiait alors, en 2018, Fabienne Clérot, directrice de l’association des anciens de l’EM Lyon. Même constat du côté de l’ESSEC dont l’association Alumni a, grâce à ce nouveau système, pu accélérer le développement de ses services en ligne pour accompagner ses membres : dispositif d’entraide donc, mais aussi plateforme de recrutement destinée aux diplômés, ou encore mise en place d’un groupe de partage d’expériences et de solutions dans le contexte difficile de la pandémie.
Ainsi, si le dispositif d’adhésion pour la vie permet aux associations Alumni d’engager des projets long terme, il leur permet surtout de venir en aide, au niveau international, aux diplômés qui en ont le plus besoin, et plus particulièrement ceux qui, traversant une situation précaire, auraient fait le choix d’économiser une cotisation annuelle.
La crise sanitaire a en effet tristement augmenté le nombre d’étudiants et de jeunes diplômés en situation de précarité. En témoigne la dernière édition du baromètre de l’insertion des jeunes diplômés de l’APEC (l’Association pour l’emploi des cadres), selon laquelle les offres destinées aux jeunes diplômés ont diminué de 42 % entre janvier et août 2020, par rapport à la même période un an plus tôt. Une situation dans laquelle l’adhésion pour la vie à une association d’Alumni présente dans le monde entier, et à même de tenir ses engagements, prend tout son sens.
