Dans le sillage de la pandémie de Covid-19, des mesures de restriction sociale et de la fermeture des lieux de sociabilité, la livraison à domicile a connu une croissance exponentielle en Europe et aux États-Unis. Aux acteurs traditionnels déjà bien implantés, comme UberEats, Deliveroo ou encore DoorDash aux États-Unis, se sont joints de nouveaux entrants, comme Frichti sur le marché français. Sur un secteur ultra-concurrentiel, plusieurs d’entre eux tirent leur épingle du jeu et sont désormais cotés sur les marchés financiers. Avec succès.
Une acculturation des consommateurs aux commandes en ligne en France et aux États-Unis
Le 25 février dernier, l’institut YouGov publiait les résultats d’une étude s’intéressant aux conséquences de l’épidémie sur les comportements d’achat des Français. Dans les 12 mois ayant précédé l’étude, 9 Français sur 10 ont commandé en ligne. La crise sanitaire a, sans doute, été un détonateur. 4 sondés sur 10 expliquent ainsi avoir eu davantage recours à la livraison à domicile depuis le début de la crise sanitaire.
Un processus finalement logique. « Pendant le confinement, de nombreuses personnes ont commencé à se faire livrer leurs courses. Les gens se sont aussi mis à cuisiner chez eux, donc notre service de livraison de produits a été beaucoup plus sollicité que d’habitude » explique Julia Bejaoui, co-fondatrice de Frichti, pour Le Figaro. La crise sanitaire s’est ainsi avérée être l’accélérateur d’une tendance de fond déjà perceptible, mais encore peu visible jusqu’à ces derniers mois. Le journaliste David Boéri explique, pour France 3, que « le secteur a enregistré l’équivalent de cinq à dix années de croissance » en quelques mois de crise sanitaire. En revanche, l’après-Covid interroge sur les potentiels changements d’habitude des consommateurs.
Maintien de la tendance après la sortie de crise sanitaire
Alors que la perspective de sortie de crise se dessine avec l’avancée de la vaccination et l’impact a priori positif du climat sur la diffusion de l’épidémie, certains professionnels de la livraison craignent un moindre recours des consommateurs à la livraison à domicile. Une tendance contraire semble pourtant se confirmer, selon les conclusions d’une étude Flipdish, réalisée en partenariat avec YouGov, qui affirme que 39 % des Français continueront de se faire livrer des plats après la réouverture progressive des restaurants, signe d’une acculturation croissante des consommateurs à ces nouveaux usages.
La France n’est pas un cas à part. La vente en ligne de produits alimentaires a, aux États-Unis, dépassé tous les records et toutes les attentes. Selon une étude de Brick Meets Click et Mercatus, l’e-commerce a ainsi atteint un record de 7,2 milliards de dollars en juin 2020 outre-Atlantique. Là encore, une acculturation des consommateurs se dessine. D’une base de clients de 39,5 millions d’actifs en mars 2020, le e-commerce alimentaire américain a grimpé à 45,6 millions de clients réguliers en juin 2020. Loin d’avoir entamé cette tendance, le retour de la possibilité de manger sur place dans les restaurants a, au contraire, contribué à accélérer encore l’essor de la livraison à domicile.
DoorDash, soutenu par SGH Capital, a triplé ses revenus au premier trimestre 2021
Une tendance à la croissance parfaitement visible dans les cours de bourse de certains acteurs, côtés sur les marchés. DoorDash est l’exemple typique d’acteurs, dont l’éclosion sur le marché de la vente en ligne a été relativement tardive, mais qui connaît aujourd’hui une croissance soutenue. DoorDash a ainsi triplé ses revenus et son volume brut de commande pour le premier trimestre 2021 et s’envole en bourse. Un gain en partie lié à la réouverture des restaurants, selon son PDG. Le succès de DoorDash est aussi un véritable triomphe pour un fonds d’investissement… français, SGH Capital, dirigé par l’entrepreneur Alexandre Azoulay, qui avait misé sur la startup américaine dès 2013 dans le cadre du développement de sa branche foodtech.
En France, Frichti annonce 300 % de croissance depuis septembre, poursuit son déploiement dans plusieurs grandes villes françaises et se positionne, en parallèle, sur les livraisons de courses à domicile. Un segment porteur, désormais rangé sous le nom de quick commerce, sur lequel bataillent déjà plusieurs start-ups en France, comme Cajoo ou Gorillas.
Les acteurs les plus connus connaissent, eux aussi, une croissance insolente. Si l’activité « chauffeur » de Uber a subi une chute libre, notamment à cause de l’impact de la pandémie, le secteur de la livraison porte le développement du groupe. Entre juillet et septembre 2020, Uber Eat a ainsi connu une croissance de 135 %. Deliveroo, de son côté, poursuit sa croissance fulgurante. Pour la livraison alimentaire à domicile et ses principaux acteurs, tous les signaux de croissance sont au vert. Crise sanitaire ou non.