Outre-mer : de l’importance de soutenir les entreprises locales

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Si les économies des territoires d’Outre-mer ont relativement bien résisté à la crise sanitaire, des difficultés demeurent. Qui imposent de s’appuyer sur les groupes locaux, pourvoyeurs d’emplois et d’investissements.

Une relance incertaine

Les économies des territoires d’Outre-mer épargnées par la crise du Covid ? Moins affectées en tout cas que la métropole, à en croire un rapport du CEROM (Comptes Économiques Rapides pour l’Outre-mer) publié en mars 2021. Selon les experts de l’IEDOM (Institut d’émission des départements d’Outre-mer), de l’AFD (Agence Française de Développement) et de l’Insee, à l’origine de ce rapport, les départements et régions d’Outre-mer ont été moins affectés par la crise sanitaire, du fait du poids du secteur non marchand dans leurs économies : « L’impact économique du premier confinement sur le PIB apparaît moindre dans les DOM qu’en métropole (-18 % à Mayotte, -20 % à la Martinique et à la Guadeloupe, -25 % en Guyane et -28 % à La Réunion contre -33 % de baisse d’activité en France) », précisent-ils.

Pour autant, les territoires ultramarins n’ont pas été exemptés de difficultés. En particulier, leurs exportations, qui ont été fortement impactées par l’arrêt des expéditions vers la métropole, notamment aux Antilles, dans les filières canne à sucre et fruits et légumes. Le tourisme a lui aussi subi les effets des confinements successifs et des restrictions sanitaires : « le confinement a entraîné au cours de cette période une chute de l’activité touristique dans l’ensemble des territoires ultramarins », évoque encore le rapport du CEROM. Avec une conséquence inévitable sur l’emploi dans la plupart des territoires d’Outre-mer, alors même que la trajectoire était favorable en 2019 : les baisses de recrutements enregistrées ont ainsi été respectivement de 3,5 % en Polynésie, de 3,2 % en Martinique, de 1,8 % en Nouvelle-Calédonie et de 1,7 % en Guadeloupe. Des raisons suffisantes, selon les experts, pour se montrer circonspects quant à la reprise économique dans les territoires d’Outre-mer : « les inquiétudes demeurent nombreuses, rendant extrêmement incertaine la reprise économique dans les Outre-mer. »

Protéger et soutenir les groupes locaux

Dans ce contexte, les aides de l’État apparaissent comme une lueur d’espoir pour les territoires ultramarins. Ce que confirme le CEROM : « depuis la fin du premier confinement, un certain nombre d’indicateurs affiche des signes de reprise encourageants, notamment sous l’effet des dispositifs de soutien aux entreprises mis en place par les pouvoirs publics ». Le plan de relance n’oublie donc pas ces territoires lointains de la République. Au total, ce sont au moins 1,5 milliard d’euros qui seront consacrés en 2021 et 2022 à des projets dans les Outre-mer.

Avec une nécessité cependant : « adapter ce plan aux réalités du terrain ». Ce qui n’est pas toujours le cas. À La Réunion par exemple, l’opérateur local Zeop, filiale du groupe familial Océinde, dénonce le mode d’attribution des fréquences basses aux enchères choisi par l’Arcep, qui favorise, selon lui, les grands opérateurs métropolitains, à savoir Free, Orange et SFR. Et ce alors même que l’opérateur local revendique une participation des plus actives au développement économique de l’île, depuis de nombreuses années, notamment à travers le déploiement d’un réseau très haut débit sur le territoire réunionnais. Une réalité que confirmait d’ailleurs, en 2015, l’AFD : « l’arrivée du premier opérateur réunionnais sur le marché participe au développement économique de l’île. En effet, elle améliore le niveau de compétitivité qui a un impact positif sur l’écosystème des acteurs du numérique et plus largement sur le tissu économique réunionnais ».

S’adapter aux réalités ultramarines, c’est donc s’appuyer sur les entreprises locales, pourvoyeuses d’emplois et qui investissent pour dynamiser ces territoires. D’autant qu’elles ne demandent que ça : « les entreprises recrutent et affichent clairement leur volonté d’attirer des profils locaux », confie ainsi Maël Disa, délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer. En témoignent le Groupe Bernard Hayot, qui vient d’annoncer sa présence au forum de recrutement « Martinique pour l’emploi », organisé en septembre prochain ou encore Martinique Tech, entreprise spécialisée dans le digital qui espère recruter une dizaine de salariés d’ici à la fin de l’année.

Des risques de fermeture

Problème, les difficultés économiques que les entreprises rencontrent Outre-mer sont suffisamment nombreuses pour que certains territoires se montrent inquiets. En mars 2021, Ibrahim Patel, président de la chambre de commerce et d’industrie de La Réunion, a ainsi décidé d’interpeller Bercy : « avec les nouvelles mesures très restrictives, toutes les entreprises réunionnaises sont désormais exposées à un risque de faillite imminente » écrivait-il alors.

Un risque qui n’est pas propre à La Réunion : en Guyane, le nombre d’entreprises défaillantes a ainsi été multiplié par quatre par rapport au premier trimestre 2020, selon un rapport de la société d’assurance crédit Coface, publié en mars 2021. Quant à la Nouvelle-Calédonie, c’est l’Institut d’Émission d’Outre-mer (IEOM) qui a tiré la sonnette d’alarme, en avril dernier, sur les possibles répercussions d’une accumulation des retards de paiement de certains fournisseurs. Raison de plus, dans ce climat d’incertitude, pour soutenir les acteurs locaux qui participent au dynamisme ultramarin.

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