Amazon.com Inc. est le vainqueur incontesté de l’explosion du commerce électronique en Europe, due à la pandémie, sauf en France.
Selon un rapport confidentiel consulté par Bloomberg, l’entreprise n’a pas atteint l’an dernier l’objectif interne fixé pour les expéditions de colis dans la deuxième économie de la zone euro, après avoir essuyé des revers dans des domaines aussi variés que les mesures de confinement du Covid-19 et les cookies publicitaires.
L’unité locale d’Amazon, Amazon France Logistique, a expédié 258 millions de colis, contre 229 millions en 2019, mais en dessous d’un objectif précédent de 416 millions, indique le rapport du cabinet comptable Progexa, commandé par les syndicats français d’Amazon.
Les conclusions soulignent les défis auxquels Amazon est confronté depuis son entrée dans le pays il y a plus de deux décennies, et contribuent à expliquer pourquoi il investit des centaines de millions d’euros dans les droits de diffusion du football français pour stimuler la demande pour ses abonnements Prime.
Une porte-parole d’Amazon a déclaré que le rapport ne couvre que l’activité de ses entrepôts français, et non les commandes françaises qui ont été satisfaites par des installations d’Amazon dans d’autres pays. Un représentant de Progexa s’est refusé à tout commentaire, invoquant la nécessité d’une confidentialité commerciale.
Le gouvernement français et les autorités de régulation du secteur ont toujours surveillé de près les activités d’Amazon. En avril de l’année dernière, l’entreprise a suspendu ses activités en France pendant cinq semaines après qu’un tribunal local a jugé qu’elle n’avait pas réussi à protéger efficacement ses employés contre le coronavirus.
La fermeture n’a été suivie que d’un retour progressif à la normale, la société ayant réapprovisionné ses entrepôts, selon la porte-parole d’Amazon.
Puis, en décembre, la CNIL, l’agence française de protection des données, l’a condamnée à une amende de 35 millions d’euros pour avoir placé des cookies publicitaires auprès des visiteurs de son site Web français sans leur consentement.
Il y a deux semaines, les législateurs français ont adopté un projet de loi visant à fixer un prix minimum pour la livraison de livres afin de protéger les libraires traditionnels. Amazon a récemment livré des livres pour seulement 1 centime d’euro.
Perte de parts de marché
De nombreux acheteurs français ont été réticents à acheter sur Amazon, laissant la place à des concurrents locaux comme Cdiscount SA ou Fnac Darty SA. Amazon est le plus grand acteur du commerce électronique en France, mais sa part du marché local a chuté à 19 % l’an dernier, contre 22 % en 2019, indique une étude de Kantar publiée en mars.
Ses ventes françaises n’ont pas réussi à suivre le rythme d’un bond de 24% du commerce électronique dans le pays l’année dernière, en hausse de 7% à 8,3 milliards d’euros, selon Kantar.
En comparaison, les ventes d’Amazon en Allemagne ont atteint 25,4 milliards d’euros l’année dernière et 22,7 milliards d’euros au Royaume-Uni, selon les documents déposés par Amazon. Amazon ne divulgue pas ses ventes en France.
Le géant du commerce électronique entend rebondir cette année en prévoyant d’expédier 451 millions de colis depuis ses centres d’exécution français, selon le rapport de Progexa daté du 5 octobre.
La société continue d’investir dans le pays et vise à ouvrir un grand centre de traitement des commandes chaque année, en plus de ses huit entrepôts géants dans le pays. Son dernier site de 185 000 mètres carrés a été inauguré à Augny, près de la frontière avec le Luxembourg, il y a deux mois. L’entreprise ouvre également une douzaine de centres de livraison plus petits chaque année.
Amazon a tenté d’améliorer son image en France et d’augmenter le nombre d’abonnés à Prime. Depuis août, son service Prime Video propose la Ligue 1 de football pour un supplément de 12,99 euros par mois.