Lors de la crise sanitaire, les experts-comptables se sont mobilisés pour venir en aides aux entreprises, largement bousculées par la crise sanitaire. Depuis, la profession bénéficie d’une côte de popularité en hausse, amplifiée par la digitalisation, qui tend à redonner ses lettres de noblesse au métier.
Fortement secouées par la crise sanitaire, les entreprises se sont largement appuyées sur leurs experts-comptables qui, pendant de longs mois, ont eu le nez plongé dans les comptes. « Quoi qu’il en coûte », avait dit le président de la République Emmanuel Macron. Sans doute quelques cheveux blancs pour ces professionnels, qui ont été submergés de demandes et ont dû répondre aux inquiétudes des entreprises.
Acteur actif de la relance…
C’est ce que met en exergue un article du Parisien daté du 25 octobre 2021. Jonathan Amram, expert-comptable du cabinet Afitec, y raconte qu’ils reçoivent des dizaines d’appels de clients et de chefs d’entreprises se posant mille et une question du type : « Mon entreprise peut-elle bénéficier des aides ? » « Est-elle imposable ? » etc.
Et ce n’est pas un hasard si ces entreprises viennent se rassurer au chevet des experts-comptables, car la profession est au cœur même de l’économie, estime Lionel Canesi, président du conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. Il souligne le rôle central joué par la profession et par ces « économistes du quotidien » dans la gestion de la crise sanitaire et pour la relance économique. « Dès le 16 mars, ils se sont mis en capacité d’accompagner les entreprises pour les conseiller et mettre en œuvre les dispositifs d’aides », souligne-t-il dans une interview donnée au média Affiches parisiennes. Et il l’assure : leur engagement se poursuit. La profession travaille sur un livre blanc de nouvelles mesures à mettre en place pour soutenir la relance des entreprises : « Certaines qui n’ont pas encore été reprises, d’autres que nous avons eues depuis, puisque l’économie évolue. »
Cap sur la digitalisation
Sans nul doute, la digitalisation a largement contribué à optimiser l’efficacité des experts-comptables. « Notre objectif, c’est d’être le couteau suisse de l’entreprise et de décharger le chef d’entreprise de nombreuses tâches, de façon à le laisser se concentrer sur son cœur de métier, sur ses clients, sur son développement », développe Lionel Canesi. Mission qui devrait être grandement facilitée par la numérisation croissante que connait le secteur, « parce que l’automatisation de la comptabilité va permettre aussi de simplifier le chaînage entre le bon de livraison, la facture et le paiement, en ayant les outils de pilotage en temps réel ».
Un support digital efficient autant pour les experts-comptables que pour leurs clients. Grâce à ces outils numériques performants, ils ont pu, et peuvent encore, identifier très tôt les difficultés auxquelles les entreprises sont confrontées, afin de maximiser leurs chances de survie. Citons la mise à disposition de « Business Story Prévention », un dispositif gratuit destiné aux entreprises dépourvues d’expert-comptable. La société prend contact avec des experts-comptables qui vont détecter les difficultés de l’entreprise pour mieux l’aiguiller vers les différents dispositifs de procédures collectives.
Sage France, partenaire privilégié de la profession, met à sa disposition des outils numériques qui permettent aux experts-comptables de mieux conseiller leurs clients. Son président, Pacôme Lesage, a rappelé l’engagement de l’entreprise auprès des experts-comptables et a fait part de ses priorités stratégiques, à l’occasion du 76 Congrès de l’ordre des experts-comptables qui s’est tenu du 6 au 8 octobre dernier à Bordeaux. « Notre stratégie, c’est de continuer à accompagner les experts-comptables, avec plus d’ouverture, beaucoup plus de produits complémentaires, satellites de nos produits existants, pour les notions bancaires, les notions d’intégration de données, etc. »
Digitalisation en cours
Un blason redoré avec la crise sanitaire, un métier en pleine modernisation… L’expert-comptable, mis sur le devant de la scène, a le vent en poupe. La petite révolution, elle, poursuit sa marche. En septembre dernier, lors d’une conférence organisée par le Lab50, les intervenants se sont projetés en 2024, anticipant les mutations de la profession d’expert-comptable et de commissaire aux comptes. « En 2024, la profession aura encore beaucoup avancé. La transformation numérique de nos cabinets sera bien entamée et nous devrons intégrer de nombreux changements, notamment l’arrivée de la facture électronique », a par exemple prophétisé Jean Saphores, vice-président du CSOEC (conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables). « En plus de la facture électronique, nous avons également le développement des services de datavisualisation. Nous allons devoir nous adapter à ces nouveaux outils », ajoutait Frédéric Burband, commissaire aux comptes.
Un métier dans l’air du temps donc et qui, même s’il manque actuellement 10 000 experts-comptables en France, suscite de plus en plus de vocations, d’après Olivier Sercq, directeur d’ESG Finance, école formant aux métiers de la comptabilité. « La comptabilité attire les étudiants et le phénomène a été amplifié par la crise sanitaire. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes reviennent aux fondamentaux et se tournent vers des métiers où il y a des débouchés et de l’emploi assurés ». En un an, ESG Finance a connu une hausse de 30% des candidatures.
Les étudiants joueraient donc la sécurité ? Oui, mais pas uniquement, si l’on en croit Lionel Canesi, pour qui le métier d’expert-comptable est avant tout au cœur de l’action et de l’entreprenariat. L’expert-comptable est un guide « dans le système foisonnant d’aides et de nouvelles réglementations » et contribue à la réussite d’un projet de développement. « Si un restaurateur, par exemple, souhaite engager des travaux dans son établissement, il se tourne vers son comptable. C’est lui qui, après analyse de son historique, de sa trésorerie, du coût de l’investissement, peut lui dire combien de couverts il doit faire par jour. »
Aucun doute pour Lionel Canesi, il est loin le stéréotype de l’expert-comptable, seul dans une pièce sombre, derrière son bureau, les yeux, forcément chaussés de lunettes, rivés sur une calculette antique.