Des coups de feu ont été tirés sur la police dans les deux îles françaises des Caraïbes en raison de la colère suscitée par l’obligation de vaccination.
Les autorités de la Guadeloupe, territoire français des Caraïbes, ont prolongé le couvre-feu jusqu’à dimanche, alors que la police tente de rétablir le calme après plusieurs nuits de manifestations et d’affrontements violents déclenchés par la réglementation du Covid-19, mais qui trouvent leur origine dans des préoccupations de longue date concernant le coût élevé de la vie, les bas salaires, le chômage des jeunes et la méfiance à l’égard du gouvernement de Paris.
Des coups de feu ont visé la police ces derniers jours, une grève générale est entrée dans sa deuxième semaine et de nombreux magasins sont restés fermés après des pillages nocturnes. Le couvre-feu exige que les gens soient à l’intérieur entre 18 heures et 5 heures du matin.
En Martinique, territoire voisin, des coups de feu ont été tirés sur la police pour la deuxième nuit consécutive, ont rapporté les médias français mercredi, signe que les troubles s’étendent dans les territoires d’outre-mer des Caraïbes françaises.
Des barrages routiers ont affecté les transports publics et des écoles ont été fermées en Martinique. Les groupes syndicaux ont décidé de lever leurs barricades de protestation, mais certains groupes de citoyens devraient continuer à manifester sur les routes.
Les Guadeloupéens et les Martiniquais sont mécontents de l’obligation gouvernementale, également en vigueur en France métropolitaine, de vacciner tous les professionnels de santé contre le Covid-19. La vaccination obligatoire est une question particulièrement sensible dans les deux territoires insulaires en raison d’une grande méfiance à l’égard de la science gouvernementale après un long scandale sanitaire lié à l’exposition aux pesticides toxiques utilisés dans les plantations de bananes.
Dans l’un des plus grands scandales sanitaires et de sécurité de France, l’insecticide chordecone a été utilisé de 1973 à 1993 dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe, exposant une partie importante de la population à des dangers pour la santé et à des cancers associés et polluant les sols. Le produit a été interdit aux États-Unis en 1976 et en France en 1990, mais des dispositions spéciales ont été prises pour que son utilisation se poursuive dans les territoires des Caraïbes jusqu’en 1993.
En Martinique, les manifestants ont exigé non seulement la fin de la vaccination obligatoire du personnel de santé, mais aussi des mesures pour lutter contre les prix élevés du carburant.
L’agitation représente un test pour le président français, Emmanuel Macron, qui a fait grand cas de l’empreinte mondiale donnée à la France par les territoires d’outre-mer qui s’étendent des Caraïbes au Pacifique en passant par l’océan Indien.
Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a déclaré que le passeport santé Covid n’était « pas négociable » dans les territoires des Caraïbes. Ce laissez-passer, qui prouve qu’une personne a été vaccinée ou a récemment été testée négative pour le Covid, est obligatoire dans les cafés, restaurants, bibliothèques et autres bâtiments publics.
Des politiciens de l’opposition, de la gauche à la droite, ont accusé le gouvernement de ne pas avoir été préparé à la crise dans les Caraïbes, qui aurait dû être évitée, selon eux.
La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a déclaré : « Le gouvernement a toujours la même méthode : laisser la situation se dégrader, comme il l’a fait avec les manifestants des gilets jaunes, ou à propos des retraites, et attendre que les violences qui s’ensuivent discréditent les revendications formulées. »