Deux mois avant que le président français Emmanuel Macron ne soit confronté à une réélection difficile dans les urnes, un débat houleux sur l’inflation a concerné l’un des symboles nationaux les plus précieux du pays : la baguette, dont les Français mangent 320 unités par seconde, chaque jour de l’année.
Alors que l’inflation en France atteint son plus haut niveau depuis 13 ans, le géant des supermarchés Leclerc a installé le mois dernier dans des centaines de points de vente des affiches représentant une baguette et déclarant : « Il y a des symboles qu’il faut défendre à tout prix ». Sa promesse : maintenir le prix de la baguette à 29 centimes d’euro (environ 33 centimes), bien en dessous du prix pratiqué dans de nombreux supermarchés concurrents, qui avoisine un euro. Les affiches jurent de maintenir ce prix pendant au moins quatre mois, quel que soit le taux d’inflation. « Nous allons manger le prix », dit-on.
Les Français ont probablement besoin de ce soulagement, mais le prix du pain pourrait bien devenir un enjeu électoral majeur.
Mardi, l’Insee, l’organisme officiel de statistique du pays, a annoncé que l’indice mensuel des prix à la consommation en France avait augmenté de 2,9 % – son taux le plus élevé depuis septembre 2008 – tandis que le taux d’inflation sur 12 mois était de 3,3 %. Il s’agit d’une légère baisse par rapport au taux sur 12 mois de 3,4 % annoncé fin 2021, mais qui reste bien supérieur aux 3 % prévus par les économistes interrogés par Reuters.
Si les consommateurs apprécient les baguettes bon marché, la décision de M. Leclerc a déclenché la colère des agriculteurs à court d’argent, qui disent avoir été eux aussi durement touchés par l’inflation. Alexandre Castrec, président d’une organisation d’agriculteurs en Bretagne, a qualifié le prix plancher des baguettes d' »inacceptable – tout a un coût », ajoutant que « les consommateurs doivent accepter de payer un peu plus ».