La réforme d’un marché européen « absurde » et toujours dépendant du prix des énergies fossiles est l’un des projets à moyen terme de la France pour atteindre l’indépendance énergétique, comme l’a expliqué Bruno Le Maire, ministre français de l’économie.
M. Le Maire s’est exprimé lors d’une conférence organisée par la présidence française du Conseil de l’UE sur le thème « Renforcer l’autonomie énergétique européenne et réussir la transition écologique », mardi 9 mars.
La stratégie d’indépendance énergétique de l’UE, qui sera au cœur des discussions lors d’un sommet informel des dirigeants européens à Versailles les 10 et 11 mars, a fait l’objet d’un accord, mais les 27 pays doivent encore décider comment y parvenir.
Selon M. Le Maire, le calendrier de mise en œuvre de cette stratégie verra s’entremêler des actions à court, moyen et long terme. Parmi elles, la réforme du marché de l’énergie est prévue pour le moyen terme.
« Un marché européen de l’énergie dans lequel le prix de l’électricité décarbonée reste dépendant du prix des énergies fossiles est absurde », a déclaré le ministre. « Plus le prix du gaz s’envole, plus chacun peut constater cette réalité ».
Le Maire propose de fixer les prix en fonction « du coût moyen de production des énergies décarbonées et non du prix des énergies fossiles, et encore moins du prix du gaz ».
La réforme du marché devrait être discutée à Versailles. M. Le Maire s’est dit « convaincu que la Commission européenne proposera les ajustements nécessaires, même temporaires, des règles en la matière ».
Des discussions à Versailles
Après avoir été plutôt réticente à modifier le marché de l’énergie, la Commission européenne se radoucit.
Avec son plan « REPowerEU », dévoilé mardi, la Commission a accepté de reconsidérer son approche en la matière afin de rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes – gaz, pétrole et charbon – « bien avant 2030 ».
Pour faire face à la flambée des prix de l’énergie, elle envisage d’évaluer « les possibilités d’optimiser l’organisation du marché de l’électricité ».
La Commission a indiqué qu’elle prenait en compte « le rapport final de l’Agence européenne de coopération des régulateurs de l’énergie et d’autres contributions sur les avantages et les inconvénients de mécanismes de tarification alternatifs permettant de maintenir l’électricité à un prix abordable, sans perturber l’approvisionnement et sans poursuivre les investissements dans la transition verte ».
Mais toutes les parties prenantes ne sont pas convaincues par cette réforme du marché.