L’emploi industriel reprend des couleurs

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Alors que la France renoue avec son industrie, l’emploi industriel se redresse. Rien que dans le nucléaire, la mise en service de 6 nouveaux EPR nécessitera la création de 30 000 emplois dans les prochaines années, estime le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN).

Difficile d’affirmer que la crise sanitaire a eu un impact positif sur l’économie française. Pourtant, après trois confinements et plusieurs salves de mesures restrictives, certains secteurs semblent enfin repartir à la hausse, comme celui de l’emploi industriel. D’après le ministère du Travail, qui a publié une étude sur le sujet début mars, les besoins de recrutements iront croissants jusqu’en 2030 ; sur la décennie 2019-2030, sous condition d’une croissance annuelle à 1,3 % du PIB en moyenne, ce sont 45 000 emplois qui devraient être créés dans l’industrie – contre une suppression de 170 000 postes lors de la décennie précédente.

Réindustrialisation des territoires

S’il est encore trop tôt pour parler d’une véritable réindustrialisation de la France – le pays, entre 2000 et 2020, a perdu 1 million d’emplois dans l’industrie –, le secteur est sur la bonne voie, veut-on croire au sein du gouvernement. Le 17 février dernier, le ministère de l’Économie a publié une note sur les relocalisations d’activités industrielles sur le territoire, intervenues depuis septembre 2020, qui ont permis de « créer » ou de « conforter » quelque 100 000 emplois. Et ceci grâce à 782 projets, selon le décompte effectué par Bercy, portés dans le cadre de trois dispositifs : « Relocalisations dans les secteurs critiques », « Capacity Building » et « Territoires d’industrie ».

L’idée de l’exécutif, derrière ces appels à projets ? Renouer avec l’industrie, en actionnant deux leviers : la relocalisation et la réindustrialisation. La nécessité de relancer la croissance tricolore par l’industrie semble faire consensus, contrairement au tournant des années 2000, où la désindustrialisation paraissait inéluctable. En Ariège, par exemple, Actis, un fabricant français d’isolants, va investir plus de 30 millions d’euros dans une usine textile désaffectée, qui offrait au village de Villeneuve-d’Olmes, auparavant, jusqu’à 700 emplois pour… 1 600 habitants.

L’actualité récente, également, a servi de signal d’alarme : la crise du Covid-19 aussi bien que le conflit en Ukraine ont démontré l’importance de posséder des moyens de production sur son propre territoire. Hier, pour fabriquer des masques et des médicaments ; aujourd’hui et demain, pour assurer aux Français.es une production énergétique qui réponde à leurs besoins, alors que la question de la fin des importations de gaz russe se pose avec une acuité particulière.

A ce titre, la France, qui, contrairement à ses partenaires européens, est plutôt bien lotie, mise depuis quelque temps sur deux leviers pour assurer sa souveraineté énergétique : les énergies renouvelables et le nucléaire, comme l’a rappelé le président de la République, Emmanuel Macron, en février dernier. D’un côté, la France entend progresser dans le solaire (multiplier par 10 ses capacités de production, jusqu’à 100 GW d’ici 2050), l’éolien en mer (créer une cinquantaine de parcs, pour 40 GW d’ici 2050 toujours) et l’éolien terrestre (doubler la puissance sur les 30 prochaines années). De l’autre, Paris souhaite entretenir son parc nucléaire existant (plus aucun réacteur en état de fonctionner ne devrait être fermé), et prolonger au-delà de 50 ans la durée de fonctionnement  de ses installations.

Université des Métiers du Nucléaire

L’Hexagone, pionnier et, aujourd’hui, leader européen de l’atome, devrait même construire 6 nouveaux réacteurs (EPR2) d’ici 2050, dont le premier sera mis en service à l’horizon 2035 selon le gouvernement. En déplacement à Belfort lorsqu’il a fait cette annonce, Emmanuel Macron a insisté sur les « 220 000 emplois préservés pour des années », ainsi que sur les « dizaines de milliers d’emplois créés » grâce au développement de l’industrie nucléaire française, qui nécessitera de nombreux besoins en compétences plurielles : selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), pas moins de 4 000 recrutements d’ingénieurs par an  seront nécessaires pour assurer la bonne marche de la filière.

Le champion tricolore en matière d’atome, EDF, a d’ailleurs lancé une vaste campagne de recrutement, il y a deux mois, afin de répondre aux enjeux de la transition énergétique. D’après Christophe Carval, DRH du Groupe, EDF a pour ambition de recruter 15 500 nouveaux collaborateurs. Les recrutements porteront principalement sur les métiers du nucléaire, des technologies informatiques, des services énergétiques ou encore dans le secteur des renouvelables. : « Ces métiers s’adressent autant aux femmes qu’aux hommes. Il est important de faire savoir que les femmes ont toute leur place dans les métiers techniques. » souligne Christophe Carval. Dans le domaine nucléaire, les emplois sont situés dans toute la France, dans des centres d’ingénierie, à Marseille, Tours, Lyon et Paris notamment, mais aussi où sont implantés les sites de production et les usines. De quoi intéresser les professionnels à la recherche d’une meilleure qualité de vie hors des zones urbaines ; un besoin plus prégnant depuis la crise sanitaire. 

« Aujourd’hui, travailler dans les métiers de l’énergie fait sens pour les étudiants sortis d’école », ajoute Christophe Carval. Et cet intérêt n’est pas prêt de se démentir : plusieurs dizaines de milliers de jeunes visitent chaque année les installations d’EDF, au centre des enjeux énergétiques et environnementaux actuels, entre le nucléaire et les énergies renouvelables, qui n’émettent aucune émission de gaz à effet de serre. D’autant plus que dans les années à venir, l’industrie énergétique, et plus particulièrement le nucléaire, promet des embauches massives, selon l’ASN, entre la construction de nouveaux réacteurs et les travaux de déconstruction des anciens.

Tandis que le « gendarme du nucléaire » parle de 4 000 recrutements par an, rien que pour la filière nucléaire, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN) estime que la mise en service de 6 nouveaux EPR nécessitera la création de 30 000 emplois, répartis au sein des 3 200 sociétés (85 % de TPE et PME) qui travaillent dans le secteur. Normal, par conséquent, que la filière se mette en ordre de bataille pour former ses futurs professionnels. Il y a un an, les acteurs de l’atome, de concert avec l’Union française de l’électricité, France Industrie et Pôle Emploi, notamment, créaient l’Université des Métiers du Nucléaire. Le but ? Faciliter l’accès aux formations et aux métiers du nucléaire.

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