En novembre dernier, l’assureur mutualiste Covea (MAAF, MMA, GMF) annonçait l’acquisition du réassureur PartnerRe pour neuf milliards de dollars. Objectif affiché : internationaliser son activité, trouver de nouveaux relais de croissance et consolider encore davantage sa solidité financière. Et les derniers résultats trimestriels de PartnerRe, particulièrement rassurants, devraient finir par convaincre les derniers sociétaires récalcitrants.
Le géant des mutuelles français Covea a-t-il réalisé une bonne affaire avec l’acquisition du réassureur PartnerRe ? Depuis l’annonce du rachat, les observateurs français du secteur attendaient la publication des résultats trimestriels du groupe bermudien pour juger de son état de forme et de sa dynamique. Les chiffres officiels ont été annoncés il y a quelques jours, et ils sont très encourageants pour la nouvelle acquisition du groupe français.
En effet, le résultat d’exploitation du groupe de réassurance a quadruplé pour atteindre les 174 de dollars, dont un rendement annuel d’exploitation de 9,9 %, une augmentation de 7,4 points par rapport au premier trimestre 2021.
Des chiffres encourageants grâce à de bonnes performances dans les opérations d’assurance non-vie (qui n’ont pas pour objet la vie de l’assuré, donc principalement des assurances de choses ou de biens) qui ont réalisé un bénéfice de 199 millions de dollars et une amélioration de 12 points par rapport à l’année précédente.
Les flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation pour le premier trimestre se sont élevés pour leur part à 383 millions de dollars, soit une augmentation de 3,8 %. Enfin, PartnerRe affiche une solide position de solvabilité avec un ratio de capital requis aux Bermudes de 301 %.
Bref, tous les voyants sont au vert, à une exception près : la remontée des taux d’intérêt dans le monde, liée à l’inflation et à la pénurie des matières premières, aurait entraîné une perte nette de 539 millions de dollars pour le groupe.
Une information à nuancer cependant : cette perte demeure très théorique, car calquée sur les normes comptables Américaines (dites GAAP) et non sur les normes internationales d’information financières (IFRS), utilisées ailleurs dans le monde, et notamment en Europe. Si l’approche américaine comptabilise comme « pertes effectives » la baisse conjoncturelle de valeurs des actifs du groupe, cette dernière ne génèrerait une perte nette qu’en cas de revente desdits actifs dans les normes comptables européennes. Une hypothèse très virtuelle, puisque les obligations sont faites pour être détenues jusqu’à maturité.
En clair : évalué selon des critères comptables européens, PartnerRe se porte structurellement très bien, et les « pertes » comptabilisées par les normes américaines ne révèlent que la baisse de valeurs de certains actifs. Mais la hausse des taux pourrait bien, dans les prochains mois, augmenter les rendements futurs.