L’inflation des prix à la consommation est tombée à 5,8 % en août, contre 6,1 % en juillet, mais les prix continuent d’augmenter sur un mois. Il est bien trop tôt pour parler d’un réel ralentissement de l’inflation. L’inflation devrait rester élevée dans les mois à venir.
La hausse des prix à la consommation s’est établie à 5,8 % en août, contre 6,1 % en juillet, grâce à un ralentissement de la hausse des prix de l’énergie (de 28,5 % à 22,2 % en glissement annuel). L’indice harmonisé, qui est important pour la Banque centrale européenne, s’est établi à 6,5% contre 6,8% en juillet.
Si cette baisse du chiffre de l’inflation peut être considérée comme une bonne nouvelle, elle cache une évolution défavorable des prix sur un mois : entre juillet et août, les prix à la consommation ont augmenté de 0,4%, contre 0,3% entre juin et juillet. Cela indique qu’il est beaucoup trop tôt pour parler d’un réel ralentissement de l’inflation. En particulier, les prix des denrées alimentaires ont connu une forte accélération en août. En raison de la fin des soldes d’été, les prix des produits manufacturés ont également rebondi.
L’inflation restera élevée dans les mois à venir
Pour l’avenir, la question est de savoir comment les prix élevés de l’énergie observés récemment affecteront l’inflation des prix à la consommation. Le « bouclier tarifaire » mis en place par le gouvernement sur les prix du gaz et de l’électricité signifie que les factures énergétiques des ménages ne sont pas impactées par les récentes évolutions des prix sur les marchés. Toutefois, le mécanisme actuel est censé prendre fin à la fin de 2022. Bien que le gouvernement souhaite réintroduire la protection des consommateurs en 2023, le mécanisme pourrait évoluer et entraîner des hausses de prix sur les factures énergétiques des ménages, même si celles-ci seraient probablement moins importantes que les hausses observées sur les marchés. Cela aurait pour conséquence de maintenir l’inflation globale à un niveau élevé en 2023.
Outre l’impact direct sur les factures d’énergie, la hausse des prix du gaz sur les marchés pourrait faire augmenter les coûts des entreprises, entraînant une nouvelle hausse de l’inflation sous-jacente. Toutefois, le fort ralentissement de la demande entraîne une diminution du pouvoir de fixation des prix des entreprises, qui seront moins en mesure de répercuter les hausses de coûts sur les prix. En conclusion, en raison de la volatilité des prix de l’énergie, il est difficile de savoir si l’inflation globale a déjà atteint un pic, mais il est certain que l’inflation restera élevée dans les mois à venir. Compte tenu de la récession attendue (nous prévoyons une contraction du PIB de 0,2% sur l’ensemble de l’année 2023) et du ralentissement de la demande, l’inflation devrait ensuite diminuer progressivement en 2023, mais l’ampleur de cette baisse dépendra des mesures prises par le gouvernement pour protéger les ménages.
L’inflation ayant moins augmenté en France que dans le reste de la zone euro en 2022, l’effet de base sera moins favorable pour la France que pour les pays voisins en 2023, ce qui conduira probablement à une inflation française plus élevée que dans la zone euro en 2023. Au final, l’inflation devrait être supérieure à 5% sur l’ensemble de l’année 2022, et proche de 3,5% sur l’ensemble de l’année 2023. Elle devrait néanmoins revenir autour de 2% à la fin de l’année 2023, à condition que les prix de l’énergie ne s’envolent pas davantage que les niveaux actuels.