D’après l’INSEE, qui publie, chaque mois, son « climat des affaires », les chefs d’entreprise tricolores affichent un optimisme qui détonne légèrement avec le pessimisme ambiant des ménages. Malgré la guerre en Ukraine, les difficultés d’approvisionnement se sont allégées, et les carnets de commandes recommencent à se remplir.
Moral des ménages en berne, inflation, crise économique et énergétique, difficultés d’approvisionnement : les chefs d’entreprise tricolores, en ce début d’année, ont tout pour faire grise mine. Pourtant, d’après l’INSEE, qui publie, chaque mois, un « climat des affaires », les dirigeants remettent au placard le pessimisme et l’anxiété qui se propagent dans l’Hexagone depuis quelques mois.
Alors que l’éclatement de la guerre en Ukraine, en février 2022, et le renchérissement des matières premières qui s’en est suivi auraient pu les rendre moroses, ou, du moins, les faire douter quant à la robustesse de leur activité, l’Institut national de la statistique révèle qu’au mois de février 2023, leur moral s’est légèrement amélioré.
Après synthèse des réponses obtenues auprès de plusieurs chefs d’entreprises, le score (103) dépasse même de trois points sa moyenne de long terme. Pour rappel, au début de la crise sanitaire due au Covid-19, en mars 2020, le climat des affaires affichait un score bien inférieur (moins de 50). Et début 2009, soit quelques mois après la crise financière de 2007, ce même indicatif chutait à 70.
Ce n’est pas tout. D’après l’INSEE, alors que le climat progresse dans tous les secteurs à l’exception du bâtiment, les dirigeants français seraient même optimistes quant à l’avenir. La raison ? Les difficultés d’approvisionnement, notamment, se sont allégées, et les carnets de commandes recommencent à se remplir. Finie l’époque, pas si lointaine, à l’automne dernier, où il était question de fermeture d’usines…
L’entreprise, fabrique à optimisme économique ?
D’après Initiative France, un réseau associatif de financement et d’accompagnement des entrepreneurs, 53 % des entrepreneurs projettent même d’assurer la croissance de leur entreprise en 2023. L’enquête, menée auprès de 1730 chefs d’entreprises, indique également qu’ils sont 61 % à afficher un état d’esprit positif, ce ratio variant à la hausse s’il se sont lancés il y a moins de trois ans (67 %).
Autre indicateur du bon moral des entrepreneurs, quoique indirect, ces derniers considèrent aujourd’hui l’impact écologique, social et sociétal comme au moins aussi important que l’enjeu économique (deux sur trois), les femmes et les moins de 35 ans y étant davantage sensibles (90 %) que les hommes. Et, afin de mesurer concrètement l’impact écologique de leur entreprise, plus d’un tiers des patrons compte mettre en place des outils pour l’évaluer.
Reste à déterminer, à présent, les raisons de cet optimisme retrouvé, malgré la conjoncture actuelle, peu engageante. Pour Pacôme Lesage, président de Sage Europe du Sud (spécialiste des outils de gestion en entreprise), les entrepreneurs donnent davantage d’importance à certains facteurs structurels, comme la solidarité publique et privée, l’innovation et la transformation digitale « parvenue à maturité ».
« Plan stratégique » contre la crise économique
« Huit dirigeants sur dix comptent le soutien local comme un facteur de réussite, alors que produire en France paraissait hors de propos pour beaucoup d’acteurs de la génération précédente », estime-t-il. Et « si le rythme de création d’entreprises constitue un repère intéressant pour mesurer l’inventivité des entrepreneurs, 2022 représente un cru exceptionnel », ajoute-t-il, avec plus d’un million de sociétés créées l’année passée (soit une hausse de 8,5 %).
Au sein de BpiFrance (Banque publique d’investissement), l’optimisme est également de mise. Et pour cause : la banque a financé près de 22 milliards d’euros en prêts et aides à l’innovation en 2022. Soit un nouveau record, que le directeur général de l’établissement financier, Nicolas Dufourcq, déterminé à poursuivre sa feuille de route, aimerait bien dépasser en 2023.
BpiFrance est effectivement un soutien financier de taille pour le monde de l’entreprise – les financements octroyés par la banque, l’an dernier, étaient trois fois supérieurs à ceux décaissés avant la crise sanitaire. Et Nicolas Dufourcq, reconduit en janvier dernier au poste de directeur général, ne compte pas s’arrêter là. Ni voir à court terme : « Ma mission, a-t-il déclaré, c’est de mettre en œuvre le plan stratégique de la banque pour 2025 »
Au programme de celui-ci, en adéquation avec le plan d’investissement France 2030 : décarbonation de l’économie, réindustrialisation par l’innovation, soutien continu à la FrenchTech, entre autres, avec un accent particulièrement mis sur les petites et moyennes entreprises. « Il faut remettre les PME françaises sur le chemin de l’international », estime-t-il. De quoi redresser le déficit commercial de la France, qui s’élève, en 2022, à 164 milliards d’euros