Hier, une délégation ukrainienne a essayé de convaincre les entreprises internationales que le pays est sûr pour les investissements en dépit de la guerre à l’œuvre contre la Russie, alors que l’Union européenne compte booster ses efforts en ce sens via des garanties inédites pour les entreprises.
Le chancelier allemand Olaf Scholz, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président ukrainien Volodymyr Zelensky étaient rassemblés à Berlin pour la 3ème édition de la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine, qui a réuni 2 000 chefs d’entreprises et décideurs étrangers afin de nouer des relations d’affaires pour la reconstruction du pays.
D’après la Banque mondiale, le coût des réparations des destructions causées par l’invasion russe dépassé les 486 milliards de dollars. Les dirigeants ukrainiens ont affirmé durant la conférence qu’ils voulaient débuter la reconstruction dès que possible, même si les combats font encore rage en Ukraine.
« Je voudrais appeler les entreprises à ne pas attendre la fin de la guerre pour investir en Ukraine. Commencez à travailler dès maintenant. […] Faites confiance à l’esprit d’entreprise des Ukrainiens. […] Nous avons des gens qui veulent reconstruire leur pays. Les aider à accéder à des prêts de capitaux est d’une importance fondamentale », a expliqué aux participants le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouléba.
Quelques heures avant la conférence, un haut fonctionnaire du gouvernement allemand a précisé que « ce qui est devenu clair pour nous lors des discussions avec les Ukrainiens, ce n’est pas que […] la reconstruction commence [après la guerre], mais que les Ukrainiens considèrent la reconstruction comme une tâche permanente, même pendant la guerre ».
Néanmoins, alors que les dirigeants ont rappelé que l’investissement privé était essentiel à la reconstruction, les entreprises craignent d’exposer leurs salariés et leurs fonds aux dangers de la guerre. Même si elles assurent avoir un grand intérêt pour l’Ukraine de façon générale.
« Le nombre de membres de notre chambre de commerce à Kiev a augmenté de plus de 60 % l’année dernière. […] Les entreprises sont conscientes du potentiel que l’Ukraine a à offrir », a précisé Olaf Scholz.
Le chancelier allemand a insisté sur la force de l’industrie agricole ukrainienne. Il a également évoqué les secteurs de croissance du pays, comme l’énergie durable, et la possibilité de son adhésion à l’Union européenne.
L’Ukraine continue pourtant de subir des attaques de missiles et des coupures d’électricité liée à la destruction de son infrastructure énergétique. Volodymyr Zelensky a donc renouvelé son appel aux alliés afin qu’ils fournissent des systèmes de défense antiaérienne Patriot additionnels.
Les participants à la conférence ont aussi souligné que les entreprises internationales ne savent pas que certaines régions ukrainiennes sont protégées pour les affaires. Quelques chefs d’entreprise ont aussi affirmé que le département d’Etat américain leur avait conseillé de ne pas se rendre en Ukraine.
Les conflits dans le gouvernement ukrainien, qui ont vu le patron de l’agence de reconstruction démissionner lundi dernier en critiquant Volodymyr Zelensky et les problématiques de corruption, ont affaibli la confiance accordée aux pays.
Des garanties nouvelles pour les entreprises
Robert Habeck, le ministre allemand de l’économie, a observé un manque de garanties pour les entreprises souhaitant se positionner en Ukraine. Il toutefois souligné que l’Allemagne avait élargi ses garanties d’investissement aux entreprises malgré le conflit russo-ukrainien.
Dmytro Kouléba a demandé aux dirigeants internationaux de fournir des incitations à l’investissement privé dans le pays.
L’Union européenne semble elle aussi avoir pris le problème au sérieux. Ursula von der Leyen a en effet annoncé lors de la conférence que l’UE avait recueilli 1,4 milliard d’euros de financement pour des garanties commerciales et des subventions dédiées aux groupes privés qui investissent en Ukraine.
Cet accord, que l’Allemagne avait validé en amont de la conférence, intègre un ensemble plus vaste de garanties et de subventions nommé cadre d’investissement pour l’Ukraine. Ce dernier devrait frôler les 9,3 milliards d’euros.
« De cette manière, nous, l’Union européenne, aidons [les entreprises]à éliminer certains des risques associés aux prises de participation [en Ukraine] », a informé Ursula von der Leyen.
L’Union européenne compte encourager 40 millions d’euros d’investissements publics et privés en Ukraine à travers ce cadre.